Une halte de nuit a rouvert ses portes à Metz, une parenthèse réconfortante pour les personnes sans-abri, mais qui affiche complet dès que les températures baissent.
Des draps blancs, une couverture marron, un chauffage en fonte qui donne une température confortable à la pièce : avec la baisse des températures, une halte de nuit a rouvert ses portes à Metz, une parenthèse réconfortante pour les personnes sans-abri.
« C’est très compliqué » quand il fait froid, la nuit, dehors, dit Mohammed, arrivé à Metz il y a 16 mois, après un passage à Toulouse. Il a appelé dans la journée pour la première fois le numéro d’urgence sociale (115) en demandant un abri pour la nuit, et l’a obtenu. « Il fait chaud, il fait très chaud ici », dit-il, le sourire aux lèvres, en désignant le chauffage au fond de sa chambre individuelle, la numéro 9.
Sur la couverture, le jeune homme, qui ne dira ni son nom de famille, ni son âge, ni son pays d’origine, sort quelques affaires de son sac : un code de la route, son dossier pour passer le permis de conduire et une plaquette publicitaire pour des études supérieures. Une nuit au chaud l’aidera « à réussir l’examen » du permis, assure-t-il, encore vêtu de sa doudoune.
Dix personnes, soit la capacité normale d’accueil de la halte, sont hébergées en ce début décembre au premier étage du bâtiment situé non loin du centre-ville de Metz. Le centre propose aussi des casiers et un accueil de jour. Lorsque le plan grand froid est activé, 15 personnes peuvent être accueillies.
L’une de ces résidentes d’un soir descend saluer les membres de l’association Est Accompagnement, chargée de la structure, et surtout les « remercier » pour ce moment de répit. Les personnes qui ont la possibilité de venir dormir une nuit au chaud arrivent dès 22 heures et repartent de l’établissement à 7 h.
Le choix de proposer des chambres individuelles – alors qu’il s’agissait de chambres pour quatre il y a encore une douzaine d’années – permet aussi d’accueillir davantage de femmes. Elles reçoivent le feu vert pour s’installer après avoir appelé le 115, le numéro des urgences sociales. Le matin, elles sont orientées vers la Fondation Abbé Pierre, qui leur propose un petit déjeuner, fruit d’une entente et d’un bon maillage territorial, souligne Nathalie Lombard, cheffe de service au sein de l’association.
Moment opportun
Pour l’association, ces haltes de nuit sont un moyen de toucher des personnes habituellement plus éloignées des aides qui leur sont proposées. « Il y a des personnes qui n’osent pas dire » leurs difficultés, « mais à un moment cela se révèle car il y a un gros besoin », explique Nathalie Lombard.
En hiver, les travailleurs sociaux constatent que des sans-abri peuvent refuser l’aide proposée en journée. « Le soir, l’équipe de la protection civile va tourner, les rencontrer à nouveau et leur proposer un hébergement, essayer de les capter », explique Michel Gocel, le directeur d’Est accompagnement.
Lorsqu’ils sont hébergés, les travailleurs sociaux peuvent se rapprocher d’eux via un rendez-vous « dès le lendemain ». L’an dernier, « la majeure partie des personnes qui avaient été hébergées par la halte de nuit avaient trouvé ensuite une place d’hébergement dans l’urgence ou dans l’insertion », selon lui. « L’idée, c’est aussi de capter un public qu’on ne va pas voir le restant de l’année », complète Michel Gocel.
Dans le hall, où les hébergés d’une nuit passeront le lendemain matin pour quitter les lieux, un téléphone avec une ligne directe permettant d’appeler le numéro d’urgence sociale est à disposition: beaucoup appellent, en tout début de journée, le 115. Si toutes les situations sont examinées, et que la vulnérabilité des personnes est toujours prise en compte, les places à la halte de nuit sont rares.
Il y a 20 ans, l’association proposait 600 places d’hébergement au total en Moselle. Elle en compte désormais 3 200, souligne Michel Gocel. « L’offre essaie de répondre aux besoins, mais ça reste un défi quotidien. »