«Evocation historique» avec figurants en costume, marche dans les bois, messe et discours : Verdun a entamé dimanche matin à l’aube les commémorations de la célèbre bataille, dont le premier coup de canon a retenti il y a exactement 100 ans, au matin du 21 février 1916.
Dès 6h45, quelque 300 personnes se sont rassemblées sous une pluie fine là où tout a commencé, au «bois des Caures», à une quinzaine de kilomètres de Verdun. Sur un petit chemin boueux éclairé à la bougie, bénévoles français et allemands en costumes d’époque ont entamé une marche, lu des documents historiques, évoqué le déluge d’obus.
«Il y a exactement 100 ans, le pilonnage s’abat. Ce délire inouï est ressenti jusque dans les Vosges, à 150 km. (…) 1 400 canons et mortiers vomissent près d’un million d’obus. Près de 400 canons sont concentrés sur le bois des Caures» rappelle un homme entre les bruits sourds des explosions reconstituées.
«Le calme, et tout à coup ce bruit assourdissant et violent», commente avec étonnement Charles, 15 ans, venu assister de bonne heure aux commémorations. Français en bleu à droite du chemin, allemands en kaki à gauche, éclairés et immobiles, baïonnettes en main: seule de la vapeur s’échappe de la bouche des figurants pendant ces tableaux figés.
Un participant lit ensuite des lettres rédigées à l’époque par le député de la Meuse et lieutenant-colonel Emile Driant, qui commandait deux régiments de chasseurs à pied le 21 février, et devint l’un des premiers héros français de la terrible bataile.
«Beaucoup de chasseurs ne seront plus là dans 8 ou 15 jours», prophétisait l’officier dans l’une de ces lettres. Il fut lui-même tué dès le 22 février au soir, après avoir freiné l’avancée de milliers d’assaillants.
«Ne pas oublier
Il est «important d’être la pour honorer ceux qui ont perdu la vie. Mais aussi confirmer l’amitié franco-allemande a un moment ou les nationalismes sont exacerbés», commente de son côté le secrétaire d’État aux anciens combattants et a la mémoire Jean-Marc Todeschini.
Au-delà des officiers, les centaines de milliers de soldats qui «firent Verdun» – plus des trois-quarts de l’armée française y monteront au front – jouèrent aussi un rôle dans la construction du mythe de cette bataille.
Pour ne pas oublier, alors que le dernier poilu est mort en 2008, l’année 2016 sera marquée par plusieurs commémorations d’envergure, centrées sur le message de paix dont s’est parée au fil des ans cette terre laminée par les obus, où périrent en dix mois plus de 300 000 soldats des deux camps, et où au moins autant furent blessés.
Dimanche, après la marche dans les bois, une messe doit être célébrée à l’ossuaire de Douaumont, nécropole nationale où reposent les ossements de 130 000 hommes, français et allemands, tombés pendant la bataille. Jean-Marc Todeschini y inaugurera une pierre gravée en hommage aux 56ème et 59ème Bataillons de Chasseurs à Pied, et rendra hommage à six soldats de ces unités dont les noms sont gravés sur l’Ossuaire.
Outre les élus et les invités, une vingtaine de jeunes Allemands et Français ont été conviés par l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) à participer à l’évocation de la bataille.
Le 29 mai, ils seront 4 000 jeunes des deux pays à accompagner à Verdun la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande. Les deux dirigeants viendront en Meuse porter un message de paix, 32 ans après le geste historique de François Mitterrand et Helmut Kohl qui s’étaient recueillis main dans la main devant l’ossuaire de Douaumont.
AFP/M.R.