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Images pédopornographiques : «Si j’étais un criminel, j’aurais tout effacé !»


L'attitude du prévenu de 45 ans, qui nie tout en bloc malgré des éléments à charge, a littéralement exaspéré le président. (illustration Fabienne Armborst)

Pas moins de 5 241 images pédopornographiques avaient été saisies chez ce quadragénaire en 2017. À la barre lundi, il a contesté être un collectionneur.

«Se pose la question de savoir si vous avez un problème sexuel. Il existe des soins qu’on peut se faire prodiguer. Mais une chose est sûre : ce n’est pas normal de détenir de telles images !» L’attitude du prévenu de 45 ans qui comparaissait, lundi matin, devant la 18e chambre correctionnelle aura littéralement exaspéré le président. Pas moins de 5 241 images à caractère pédopornographique avaient pu être décelées sur son matériel informatique. Mais lui conteste en bloc. Jamais il n’a recherché de telles images. «Si j’étais conscient d’être un criminel ou de détenir du matériel pédopornographique, j’aurais tout effacé !»

C’est fin mars 2017 que l’activité de ce père de famille s’était retrouvée dans le viseur des autorités. Via Interpol, la section protection de la jeunesse de la police judiciaire avait été alertée qu’une adresse IP luxembourgeoise avait envoyé sur Chatstep une image représentant une fille âgée entre six et sept ans, la poitrine nue. Une perquisition chez Post avait permis d’identifier l’internaute.

Lors de sa première audition à la police, le quadragénaire ne voulait rien savoir. Il ne pouvait s’expliquer cette enquête. Car il affirmait n’avoir aucun intérêt pour la pédopornographie. Mais ce n’est pas tout à fait ce qui était ressorti de l’exploitation de son matériel informatique saisi. Outre l’image de la fillette à moitié nue, la police avait découvert bien d’autres images. «Des images choquantes avec aussi des bébés», a précisé l’enquêteur qui accomplit ce travail depuis un certain nombre d’années.

Le téléchargement de l’image signalée par Interpol, le quadragénaire l’explique par une «erreur de manipulation». Par mégarde, il aurait cliqué à l’époque sur un lien qu’on lui avait envoyé. En essayant de mettre l’image vers la poubelle qui, elle, se trouvait sur son second écran, sa souris se serait bloquée sur l’icône du Chatstep et l’image y aurait été envoyée… «Si j’avais diffusé plus de photos, on en aurait retrouvé beaucoup plus», a-t-il tenté de se défendre à la barre, hier.

«Perversité des images»

Dans un premier temps, le père de famille avait également affirmé avoir utilisé Chatstep cinq à six fois dans sa vie. L’enquête policière a pourtant retracé autre chose. «Sa dernière connexion remontait à cinq jours avant la perquisition.» Quant à l’argument selon lequel son ordinateur aurait été infecté par un virus qui aurait téléchargé tout le matériel pédopornographique, il ne tient pas non plus la route, d’après l’enquêteur : «À l’heure actuelle, aucun virus de ce type ne nous est connu !»

Interrogé sur ce qu’il faisait dans la vie, le prévenu a expliqué au tribunal travailler comme indépendant. «Comme vous travaillez beaucoup avec l’ordinateur, vous devriez bien maîtriser sa maniabilité», a fini par lui lâcher le président.

Dans sa plaidoirie, Me Brian Hellinckx a donné à considérer qu’à l’exception de 39 photos, toutes les autres retracées par la police étaient effacées. «Il a zéro intérêt pour un tel contenu, il a deux enfants en bas âge», a appuyé l’avocat.

«Ses contestations ne peuvent emporter la conviction de votre tribunal», a estimé la représentante du parquet. Elle ne croit pas que le matériel à caractère pédopornographique ait atterri malencontreusement sur son ordinateur : «On ne parle pas d’une seule image, mais de 5 241 ! C’est donc souvent, régulièrement.» Et d’insister : «On les a retrouvées sur quatre supports différents : deux ordinateurs et deux clés USB.»

Soulevant la «perversité des images», elle a requis une amende appropriée ainsi que 24 mois de prison assortis d’un sursis probatoire avec l’obligation de se soumettre à un traitement psychiatrique. Enfin, elle a demandé qu’il lui soit interdit d’exercer une activité professionnelle, bénévole ou sociale impliquant un contact habituel avec des mineurs.

Prononcé le 24 octobre.

Fabienne Armborst