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Les Européens aux urnes pour fixer le cap politique des cinq ans à venir


(Photo : AFP)

Des millions d’Européens votent dimanche dans une vingtaine de pays pour élire un nouveau Parlement européen, où les équilibres politiques pourraient être modifiés par la poussée annoncée de l’extrême droite, notamment en Italie et en France.

La Grèce, où une vague de chaleur est attendue, a donné le coup d’envoi, suivie par la plupart des autres pays de l’Union européenne, dont l’Allemagne, la France ou l’Espagne.

La « grande coalition » actuelle droite/socialistes/libéraux, qui forge les compromis dans l’hémicycle européen, devrait, selon les sondages, y conserver la majorité, mais elle pourrait voir sa marge de manoeuvre réduite, l’obligeant à trouver des forces d’appoint et augurant d’intenses tractations dans les semaines à venir.

« Les problèmes sociaux – le logement, l’éducation ou le climat – doivent être résolus (…) et j’espère qu’ils le seront de manière européenne », explique Ingeborg Ronesch, retraitée autrichienne, âgée de 65 ans, à la sortie d’un bureau de vote à Vienne.

Près de deux ans et demi après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, plus de 360 millions d’Européens sont appelés aux urnes pour désigner 720 membres du Parlement européen.

Les Pays-Bas avaient lancé le scrutin jeudi en confirmant, selon des estimations, une poussée du parti d’extrême droite de Geert Wilders, même s’il doit se contenter de la deuxième place derrière la coalition sociale-démocrate et écologiste.

Von der Leyen vote en Basse-Saxe 

La présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen, qui brigue un deuxième mandat de cinq ans, a voté en milieu de matinée Burgdorf, en Basse-Saxe, en compagnie de son mari.

« J’espère qu’une majorité pro-paix sortira de ces élections », a déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orban après avoir voté à Budapest. Toujours très critique de Bruxelles, le dirigeant nationaliste multiplie par ailleurs les attaques contre l’Otan, l’accusant d’entraîner les pays de l’Alliance dans une « conflagration mondiale ».

Pour Ferenc Hamori, 54 ans, professeur d’éducation physique qui a voté dans un village près de Budapest, l’UE serait en meilleure posture si elle comptait plus de dirigeants comme le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban. « Il va gagner les élections ici, mais il sera toujours en minorité à Bruxelles », regrette-t-il.

Dans les pays voisins de la Russie en guerre contre l’Ukraine, la sécurité préoccupe une partie des électeurs.

« Je souhaite un renforcement de la sécurité (…) voire le déploiement d’un contingent européen sur notre territoire », affirme ainsi Andrzej Zmiejewski, médecin de 51 ans, après avoir voté à Varsovie.

La mobilisation de l’électorat est l’un des grands enjeux du scrutin.

En France, où 49 millions de Français sont appelés aux urnes afin de désigner 81 eurodéputés, le président Emmanuel Macron a appelé à faire barrage à l’extrême droite, estimant que le risque était que l’Europe se retrouve « bloquée ».

Les derniers sondages placent largement en tête le Rassemblement national, mené par Jordan Bardella, avec plus de 30% des voix, loin devant Renaissance, le parti du président français, puis la gauche sociale-démocrate emmenée par Raphaël Glucksmann.

En Allemagne, l’extrême droite rassemblée derrière l’AfD, est aussi en embuscade, en dépit des derniers scandales qui l’ont éclaboussée. Sa tête de liste, soupçonnée de bénéficier de financements russe et chinois, a été exclue du groupe auquel il appartenait au Parlement européen.

Si les conservateurs allemands de la CDU-CSU devraient arriver largement en tête, avec 30,5% des voix, selon un sondage, le parti du chancelier social-démocrate Olaf Scholz, le SPD, devrait connaître un échec cuisant. Le SPD et les Verts bataillent pour la deuxième place avec l’AfD, qui capitalise sur une conjoncture morose et sur les craintes liées à l’immigration.

« Nous sommes de plus en plus divisés » 

La plupart des analystes s’attendent à un recul des écologistes dans la plupart des pays, notamment en France où ils courent le risque de ne pas franchir la barre des 5%, indispensable pour envoyer au moins un député à Strasbourg.

Au Danemark, le vote a lieu au lendemain de l’agression subie par la Première ministre Mette Frederiksen, après l’attaque au couteau subie par son homologue slovaque, le populiste Robert Fico.

« Je pense que la tendance générale dans de nombreux pays est que nous sommes de plus en plus divisés et désireux de parler plus fort que l’autre camp, et peut-être sommes-nous même plus violents dans la défense de nos croyances ou de nos opinions politiques », a estimé Jane Sørensen, 42 ans, institutrice danoise, interrogée samedi par l’AFP.

En Italie, où le vote a débuté samedi et se poursuivait dimanche, le parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FDI) de la cheffe de gouvernement Giorgia Meloni pourrait envoyer 22 eurodéputés dans l’hémicycle, contre six actuellement.

Cette élection « va déterminer les cinq prochaines années », a assuré samedi Mme Meloni, qui a réaffirmé vouloir « défendre les frontières contre l’immigration illégale, protéger l’économie réelle, lutter contre la concurrence déloyale ».

Les eurodéputés auront comme toute première tâche de confirmer – ou d’infirmer – les choix des dirigeants des pays membres pour la présidence de la Commission.

Si les 27, qui se réunissent fin juin en sommet à Bruxelles, optent pour une reconduction d’Ursula von der Leyen, le vote du Parlement, qui devrait, sauf surprise, avoir lieu lors d’une séance plénière à Strasbourg mi-juillet, sera scruté avec attention.

En 2019, lorsqu’elle avait été nommée à ce poste à la surprise générale, le Parlement ne lui avait accordé sa confiance qu’à une très courte majorité (neuf voix).