[Européennes] Le DP amputé : «On va poursuivre notre travail»

On attendait un duel face au CSV, mais c’est finalement l’ADR qui prive les libéraux d’un deuxième siège. Charles Goerens, lui, se classe en tête des six eurodéputés luxembourgeois.

Pour le DP, l’enjeu était clair : il fallait avant tout sauvegarder les deux sièges remportés en 2019 – dont un raflé au CSV – malgré l’absence de Monica Semedo, plébiscitée à l’époque par les électeurs et désormais candidate de Fokus. Pari perdu, malgré tous les efforts d’une équipe soudée autour de la voix du parti au Parlement européen depuis 15 ans, Charles Goerens.

Les mines n’étaient donc pas réjouies ce dimanche soir au Melusina, face au choix des électeurs d’amputer le DP d’un siège à Strasbourg, au profit de l’ADR, là où les observateurs s’attendaient plutôt à un duel entre les deux partenaires de coalition.

Ce scrutin en forme de test de popularité, huit mois à peine après les législatives, confirme tout de même les résultats des dernières élections nationales, s’est félicité à la tribune le président du DP, Lex Delles, avant de céder le micro à la tête de liste, Charles Goerens, arrivé en tête des six eurodéputés du Luxembourg avec 86 132 voix – malgré un score en baisse de 11,74 %.

Très applaudi, l’eurodéputé qui rempile pour cinq ans s’est dit heureux d’avoir pu «instauré une culture du débat lors de cette campagne, tout en alertant les électeurs sur les grands dangers qui guettent».

De l’extrémisme de droite au manque de cohésion de l’Europe, en passant par la place de l’UE dans le monde, son décrochage économique face aux grandes puissances, et la sécurité sur le continent alors que l’Ukraine est en guerre. «Tout cela montre à quel point nous avons besoin d’une Europe forte et capable aussi de prendre des décisions de façon réactive», a-t-il soutenu. «On va maintenant poursuivre notre travail.»

Le choix de rajeunir la liste emmenée par le doyen des eurodéputés du Luxembourg, et de miser sur de nouveaux visages – quatre des six candidats se présentaient pour la première fois – n’a donc pas suffit pour contrer l’irrésistible ascension de l’extrême droite.

«Ce n’est pas d’un coup de baguette magique qu’on mettra fin au crétinisme général qui irrigue nos plateformes», soufflait-il à notre micro, confiant avoir «rarement été confronté à des propos aussi virulents, aux dépens du débat», lors de cette campagne.

Jana Degrott, forcément déçue, confirme qu’«il a fallu faire beaucoup de pédagogie, en réaction à l’actualité ou pour convaincre face à la montée de l’extrême droite», tandis que le candidat-surprise de la liste, Christos Floros, pointe «une polarisation de la société, à l’image de ce qui se passe aux États-Unis».

La soirée a tourné court, et c’est inquiets pour l’avenir de l’Europe que les militants ont vidé les lieux après 23 h.