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La coalition du chancelier allemand sanctionnée aux Européennes


(Photo : AFP)

La coalition gouvernementale du chancelier allemand a enregistré un revers cuisant aux élections européennes de dimanche, ses trois partis arrivant chacun derrière l’opposition conservatrice, mais aussi l’extrême droite, selon des sondages réalisés pour les chaines de télévision publiques.

Les sociaux-démocrates du chef de gouvernement Olaf Scholz ont obtenu 14 % des suffrages, soit le pire score jamais enregistré par ce parti pour ce scrutin. En 2019, le SPD avait déjà essuyé une défaite historique avec 15,8 % des voix.

Il arrive derrière le parti d’extrême droite AfD, en seconde position avec entre 16 et 16,5 % des suffrages, selon les enquêtes réalisées à la sortie des bureaux de vote pour ARD et ZDF.

Les conservateurs (CDU et CSU), le parti de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sont arrivés eux très largement en tête avec 29,5-30 % (contre 28,9 % en 2019).

« C’est un résultat très amer pour nous », a reconnu Kevin Kuehnert, secrétaire général du SPD, ajoutant que son parti allait devoir se pencher sur les raisons de la faiblesse de la mobilisation de ses partisans.

Le secrétaire général de la CDU, Carsten Linnemann, a exhorté Scholz à poser la question de confiance au Parlement en raison des pertes subies par son parti.

Les deux autres partis de la coalition, les Verts et les libéraux (FDP), ont respectivement obtenu entre 12 et 12,5% pour le premier et 5% pour le second.

« Un super résultat »

Les Verts essuient ainsi un recul marqué par rapport au scrutin de 2019 où ils avaient obtenu 20,5%. « Ce n’est pas un résultat dont nous pouvons être satisfaits », a admis le coprésident des Verts, Omid Nouripour.

Si ces résultats sont confirmés, ils vont accentuer la pression sur l’impopulaire coalition de M. Scholz à quelques mois d’élections dans trois États régionaux de l’est de l’Allemagne, où l’AfD est créditée des meilleurs scores dans les enquêtes.

« C’est un super résultat pour nous », s’est félicité le coprésident de ce parti, Tino Chrupalla. Et d’ajouter : « et un bon début pour cette année électorale ».

Ce parti créé en 2013 capitalise sur une conjoncture morose et sur des craintes liées à l’immigration.

Le gouvernement de Scholz a plongé dans une crise après l’autre depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2021.

Il a dû faire face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et à la crise énergétique qui s’en est suivie et qui a plongé l’Allemagne dans la récession.

Si la conjoncture économique s’améliore le mécontentement des électeurs reste élevé sur des questions allant des lois sur le climat aux réductions des dépenses, tandis que la criminalité et l’immigration sont des préoccupations croissantes pour le public.

Vote dès 16 ans

Jamais autant de personnes n’avaient été appelées aux urnes en Allemagne avec environ 65 millions.

Pour la première fois, les adolescents de 16 et 17 ans avaient le droit de vote pour ces élections, soit environ 1,4 million de personnes, selon l’Office fédéral des statistiques.

La participation a sensiblement progressé à environ 65 %, selon ZDF, contre 61,4% il y a cinq ans.

Pour les 96 sièges attribués à l’Allemagne au parlement européen – le pays avec le plus gros contingent d’eurodéputés étant donné le poids de sa population -, 35 listes étaient en lice.

Un nouveau parti de gauche radicale, antisystème et de tendance souverainiste, BSW, devrait faire son entrée au parlement européen, ayant obtenu 5,7 et 6% des voix.

C’était la première fois que Bündnis Sahra Wagenknecht (Alliance Sahra Wagenknecht, ndlr), créé en janvier dernier, participait à une élection nationale.

Cette formation est issue d’une scission de la gauche radicale allemande : Sahra Wagenknecht avait quitté avec plusieurs autres responsables le parti Die Linke, héritier du Parti communiste de l’ex-RDA.