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Communales : un scrutin à la fois local et national


Ce sont 3 847 candidates et candidats qui se sont présentés pour décrocher les 1 121 mandats en jeu dans les 100 communes que comptera le Grand-Duché en septembre. (photo archives LQ)

Les communales de ce dimanche pourraient livrer une première tendance pour les législatives du 8 octobre. Les enjeux sont multiples, pour les partis, mais aussi pour les ténors en lice.

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Une campagne plutôt nationale que locale

Lancée le 11 mai, la campagne pour les élections communales a déjà eu des allures de mobilisation pour les législatives. Les deux thématiques dominantes – la sécurité et le logement – dépendent tous deux de la volonté du prochain gouvernement. Une police communale, revendiquée par le CSV et le DP, ne pourra pas devenir réalité sans une réforme de la loi sur le fonctionnement de la police grand-ducale. De plus, ni l’un ni l’autre parti n’ont présenté de véritable concept pour la mise en œuvre de ce nouveau corps. Autre constat : aucun des autres partis en lice n’est favorable à une police locale, même pas l’ADR, très à cheval sur le thème de la sécurité.

Le débat sur la sécurité, et toutes les dérives qui l’ont accompagné, a beaucoup trop pris le dessus sur les autres enjeux, bien plus locaux, comme le besoin de financer et de réaliser des infrastructures de base. Il en va de même de la mobilité, même si, ici aussi, l’État a un rôle à jouer (bus, train, tram, zones 30, etc.).

Dans le dossier brûlant du logement, le gouvernement sortant a mis en place une boîte à outils mieux fournie pour que les communes puissent davantage prendre leurs responsabilités dans ce domaine. Néanmoins, la volonté des bourgmestres et collèges échevinaux sortants était plutôt limitée à assumer le rôle de promoteur public. Les promesses de créer des logements abordables en très grand nombre sont inscrites dans tous les programmes électoraux. Quelle sera la réalité sur le terrain, après le scrutin de ce dimanche ?

Le CSV doit défendre son statut de premier parti

Avec près de 30,5 % des voix (+5 points par rapport à 2011), avec à la clé l’obtention de 45 sièges de bourgmestres sur les 56 en jeu dans les grandes communes, le CSV a pris, en 2017, une sacrée revanche, après avoir été éjecté du gouvernement en 2013. Ce score ne s’est pas confirmé aux législatives de 2018 (28,3 %, -5,4 points et -2 sièges par rapport à 2013).

Ce dimanche, le Parti chrétien-social – à la relance avec sa tête de liste, l’ancien ministre Luc Frieden – aura comme défi de défendre son statut de premier parti dans les principales communes du pays. Est-ce que le LSAP, détrôné en 2017, pourra rebondir (24 %, 10 bourgmestres sortants)? Et quel rôle pourra jouer le DP (18,6 %, 5 bourgmestres), comptant le plus grand nombre de listes (47 contre 45 pour le CSV et 39 pour le LSAP)? Finalement, est-ce que déi gréng (16,4 %, 1 bourgmestre) – attaqués de toutes parts – vont-ils pouvoir repartir du bon pied, avec leurs 36 listes?

Les petits partis en faiseurs de roi ?

L’ADR, déi Lénk et le Parti pirate sont très peu ancrés dans les communes. Les trois partis présentent également un nombre limité de listes dans les plus grandes communes. L’enjeu pour les pirates (13 listes), signant des solides scores dans les sondages, sera de confirmer leur gain de popularité à l’échelle nationale. Le parti réformateur (11 listes) va soumettre sa politique nationaliste à un test, ce dimanche. Pour déi Lénk (7 listes), les communales seront un premier indicateur en vue d’un rebond sur le plan national. En fonction de leurs scores, surtout les pirates et déi Lénk pourraient devenir des faiseurs de roi dans de nouvelles coalitions locales.

Parmi les autres partis en lice, le nouveau venu Fokus devra démontrer s’il peut se faire une place sur l’échiquier politique. Le KPL (3 listes), réduit à deux sièges de conseillers, jouera – une nouvelle fois – sa survie. Le rôle de Déi Konservativ (2 listes) et Mir d’Vollek (1 liste incomplète) restera insignifiant.

Sud : le LSAP en reconquête

Dudelange reste le dernier véritable bastion du LSAP. Il risque toutefois de tomber à son tour, ce dimanche, même si le bourgmestre sortant Dan Biancalana devrait être confirmé. La perte d’Esch-sur-Alzette en 2017 a constitué un séisme pour le camp socialiste, après déjà avoir été détrôné à Differdange (2002), Bettembourg (2011), Schifflange (2017), Mondercange (2017) et, finalement, Kayl (2022).

L’objectif du LSAP pour les communales est certainement une reconquête des grandes communes dans le Sud, aussi en prévision des législatives (6 sièges en 2018). Quelles sont ses chances? À part les communes déjà citées, un enjeu se situera aussi à Sanem, où la bourgmestre sortante Simone Asselborn-Bintz devra compenser le départ de Georges Engel, devenu chef de fraction, puis ministre.

Quels scores pour les ténors ? 

Avec Corinne Cahen (DP), une seule ministre sortante se présente aux communales. À Luxembourg, elle sera notamment opposée à Elisabeth Margue, députée et coprésidente du CSV. D’autres ténors de parti visent à percer à l’échelle locale.

À Mamer, le député-maire et cochef de fraction du CSV, Gilles Roth, sera opposé à Francine Closener et Djuna Bernard, les coprésidentes du LSAP et de déi gréng. Les doublures des deux députées, Dan Biancalana (LSAP) et Meris Sehovic (déi gréng), sont en lice à Dudelange et Esch-sur-Alzette. Aucun autre président de parti, tout comme aucune tête de liste pour les législatives, va se présenter aux électeurs dès ce dimanche.

En tout, ce sont 43 des 60 députés sortants qui veulent décrocher un mandat communal, dont 11 députés-maires. En fonction de leurs scores, les ténors énumérés pourraient s’imposer ou être mis hors-jeu en vue du scrutin national d’octobre.

Luxembourg et Esch,
un test grandeur nature ?

Tous les yeux seront rivés ce dimanche sur les deux plus grandes communes du pays. Les enjeux politiques y sont particulièrement importants. C’est peut-être dans la capitale et dans la Métropole du fer que l’on pourra tirer le plus d’enseignements en vue des législatives de cet automne.

À Luxembourg, la bourgmestre Lydie Polfer – au pouvoir, avec des interruptions depuis près de 25 ans – vise à confirmer l’hégémonie du DP, au pouvoir depuis 1969. À partir de 2005, les libéraux ont toutefois perdu des plumes à chaque scrutin pour atteindre encore 30 % des voix et 9 sièges en 2017. La présence de la ministre Corinne Cahen sur la liste pourrait venir chambouler les choses, d’autant plus que la rivalité entre les deux femmes libérales est un secret de Polichinelle.

Le CSV de Serge Wilmes, gagnant du scrutin en 2017 (25 %, +6 points), pourrait, en cas de nouveau gain de voix et de sièges (7 en 2017, +2) décrocher le poste de bourgmestre. Les attaques envers Lydie Polfer et le DP sont toutefois restées très timides lors de la campagne. Le rapport de force va-t-il s’inverser?

Déi Gréng (19,3 %, +0,8 point, 5 sièges), cherchant à revenir au pouvoir, et le LSAP, en nette perte de vitesse (11 %, -5 points, 3 sièges), jouent gros.

Les socialistes sont également attendus au tournant à Esch-sur-Alzette. Steve Faltz emmène une équipe entièrement renouvelée. Le nouveau souffle insufflé à une section en perdition après la déconvenue de 2017 (28 %, -10 points et -3 sièges) risque toutefois de s’avérer insuffisant. La tête de liste du LSAP, très peu connue du grand public, aura du mal à déloger le bourgmestre Georges Mischo, garant de la victoire du CSV d’il y a six ans (31 %, +11 points et +2 sièges). Les suffrages de liste pourraient cependant changer la donne. Il en va de même des scores que vont réaliser le DP (9 %, +1,5 point et +1 siège) et déi gréng (13,5 %, +1 point et +1 siège), les deux partenaires de coalition du CSV. Sans oublier déi Lénk et les pirates qui sont en embuscade.