Le Parti pirate a passé l’examen avec brio. Ces élections communales lui donnent des ailes pour le prochain rendez-vous avec les électeurs en octobre. Dans le Sud, il fourbit ses armes.
Le Parti pirate sort renforcé de ce scrutin et parvient à faire chavirer les partis traditionnels en s’attirant les sympathies de leurs électeurs. Le député et conseiller communal de Pétange, Marc Goergen, savoure sa victoire de dimanche soir. «On est bien contents, on a doublé en pourcentage et en nombre de sièges, donc on est largement gagnants», analyse très rapidement celui qui n’a pas tardé à faire une proposition de coalition au LSAP, une autre au DP et aux verts.
Les deux sièges supplémentaires des pirates en coûtent deux au CSV, grand perdant à Pétange, même si le parti conserve tout de même six sièges, devant le LSAP qui en gagne un pour passer à cinq sièges. Le travail d’opposition des pirates et leur programme pour Pétange ont fini par payer. Ils ont eu la visibilité nécessaire pour percer, que ce soit dans la presse ou sur les réseaux sociaux.
Sur le plan national, le parti passe de trois à treize mandats et rafle un siège dans toutes les communes du Sud où il s’est présenté. «À Differdange, nous sommes à sept voix d’un deuxième mandat et nous avons un comité ce soir pour savoir si nous allons demander un recomptage des votes», informe Marc Goergen. La différence est trop ténue pour ne pas tenter. À Remich, les pirates étaient à vingt voix d’un deuxième mandat, comme il y a six ans, et à Grevenmacher, il leur manquait une trentaine de voix pour faire leur entrée au conseil communal.
Les pirates deviennent de très sérieux concurrents et sont devenus le plus grand des petits partis et le plus jeune aussi, si on exclut Fokus, le dernier-né sur la scène politique qui n’a pas réussi à décrocher de mandat. Pour les pirates, il s’agissait de leur deuxième participation aux communales. La menace pour les grands partis se précise, surtout dans le sud du pays où les pirates s’implantent lentement mais sûrement. Ils auront une liste solide à présenter qui contiendra déjà dix élus locaux.
Mais les pirates ont encore du chemin à faire pour s’implanter plus largement dans les communes comme Leudelange ou Steinfort où «ça ne va pas très fort», reconnaît Marc Goergen. Mais pour le reste, il est fou de joie de son résultat personnel et de celui de sa liste à Pétange. D’ailleurs, il va se servir des panneaux de sa campagne pour les recycler en octobre, pour les législatives. «On parle de plus de police, plus de sécurité, plus de transparence, moins de corruption, autant de thèmes qui se déclinent sur le plan national et local, donc je transpose en partie la campagne de Pétange pour la campagne d’octobre», nous explique Marc Goergen.
Trois sièges dans le Sud ?
Il consulte son écran pour avoir des nouvelles de la coalition à Pétange. Il fait déjà ses calculs et recommande aux grands partis de ne pas les ignorer. «Si on nous ignore cette fois-ci à Pétange alors que nous sommes grands gagnants, alors c’est six sièges que l’on décrochera la prochaine fois, il faut y penser parce que les électeurs vont demander des comptes», juge le député pirate.
Ses calculs le projettent déjà au mois d’octobre. La percée des pirates dans le Sud pourrait leur rapporter jusqu’à trois sièges dans cette circonscription, selon lui. «Quand on a une majorité si fragile, avec 31 sièges, on devrait faire attention», conseille-t-il.
«Il va falloir compter avec nous. On fait une opposition transparente et critique. C’est pour ça aussi que les partis de la majorité ne sont pas contents avec nous à Pétange. Ils n’avaient pas l’habitude, avant il n’y avait pas d’opposition», observe Marc Goergen.
À l’heure de conclure l’entretien, il jette encore un œil sur l’écran mais toujours pas de réponse des autres partis à sa proposition. Il reste serein et prépare déjà le second round, en octobre, et promet un parti encore plus fort.