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Comment expliquer la déroute des verts à Differdange ?


Differdange s'est réveillée ce lundi sous un soleil rouge, après la victoire du LSAP. Photo : Julien Garroy

Pour la première fois depuis deux décennies, les verts ne feront pas partie du collège communal de Differdange. La liste menée par Manon Schütz et Paulo Aguiar a perdu quatre sièges dimanche soir. Une raclée un peu amère.

Tristesse et déception. Voilà en deux mots l’état d’esprit des verts au moment des premières estimations tombées dimanche en fin d’après-midi pour la commune de Differdange. Si une défaite de déi gréng était «prévisible» selon la bourgmestre sortante Christiane Brassel-Rausch, la voir prendre forme d’une manière aussi brutale ne la rend pas plus agréable. 

«On savait qu’on allait perdre, mais pas autant que ça. On s’était fixés de conserver au moins quatre sièges. Finalement, nous n’en aurons que trois. C’est triste, je suis vraiment très déçue personnellement», nous confiait alors Brassel-Rausch. 

Tout au long de la soirée, au fil des dépouillements des bureaux de vote, les sourires se sont effacés dans les rangs de déi gréng, alors que les socialistes prenaient une avance considérable dans les tendances dévoilées. Finalement, peu après 23 h, le glas sonne : les verts perdent près de 22% de votes et se retrouvent relégués dans l’opposition, au coude-à-coude avec le DP. 

L’affaire Traversini de trop ? 

«Je pense que plusieurs choses ont joué en notre défaveur pour ces élections», analyse la co-tête de liste verte, Manon Schütz, au lendemain des résultats. «Déjà l’affaire Traversini, qui n’a pas vraiment aidé nos affaires : je ne pense pas que cela a entravé la confiance des Differdangeois envers la liste déi gréng, mais ça a joué quand même, c’est certain. Nous n’avions plus l’ancien bourgmestre à nos côtés pour peser dans la balance, et avec le départ à la retraite de Christiane Brassel-Rausch, nous étions un peu seuls. Une équipe toute jeune, nouvelle… C’est un ensemble de choses qui fait que les Differdangeois ont choisi autre chose.», explique-t-elle. 

Une équipe fraichement nouvelle, des ténors qui ont disparu… Les verts de Differdange n’auraient ainsi pas eu la chance de faire suffisamment leurs preuves pour poursuivre leur lancée dans la Cité du fer. «Mais nous connaissons bien les dossiers de la ville, nous avons eu deux échevins et un bourgmestre en place jusqu’ici, donc on va continuer», assure Manon Schütz. 

Trop radicaux, les verts ? 

Cette défaite de déi gréng dans la troisième ville du pays n’est cependant pas un cas isolé. Après le succès des élections de 2017, le parti est en totale perte de vitesse six ans plus tard. Dans de nombreuses villes, comme Differdange, déi gréng ont dû céder des sièges ou ont perdu de nombreux pourcentages. 

Une situation dont se désole la co-tête de liste verte de Differdange. «Nous avions un espoir lorsqu’il y a eu les grèves pour le climat initiées par les jeunes. Mais nous voyons bien, vu les scores des verts durant ces communales, que c’est plutôt contradictoire.», souligne-t-elle, ajoutant que c’est certainement l’une des autres raisons qui font que les électeurs ont favorisé le LSAP dans la commune du sud du pays. 

«J’ai l’impression que nous sommes dans un grand mouvement où les gens ne votent plus pour les verts. Peut-être parce que nous voulons trop bousculer leurs habitudes ? Nous sommes des jeunes qui voyons plus loin dans le futur, qui nous soucions de l’environnement, pour sauver notre planète. Mais nous sentons que les gens aujourd’hui ne voient pas cela comme ça, ils se cantonnent à voir uniquement le présent. Ils ne veulent pas perdre leur confort.»

Vers une coalition LSAP/CSV ?

Les résultats des urnes sont sans appel : avec plus de 43 000 voix, la liste LSAP remporte un franc succès à Differdange, une première depuis 1999. Si les discussions étaient officiellement toujours en cours au moment de publier ces lignes, le LSAP ne cachait toutefois pas son intention de «respecter la volonté des électeurs», en s’associant au deuxième parti ayant récolté le plus de votes : le CSV.

Déjà présent dans la coalition avec déi gréng ces six dernières années, Tom Ulveling, premier échevin social-chrétien a confirmé sa volonté de mettre en place une «grande coalition» avec les socialistes. Au micro de nos confrères de RTL, il a assuré que son parti pourrait trouver un «terrain d’entente» et «travailler autrement qu’avec les verts» en «s’accordant sur un programme». Affaire à suivre.