West perd le nord

Ce qu’il y a de bien avec la connerie, c’est qu’elle finit généralement par se voir assez rapidement tant les cons aiment l’étaler sans complexe. «Un con, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît», selon Michel Audiart. Ça ose même donner des leçons aux autres sans la moindre once d’humilité.

Kanye West, Ye pour les intimes, rappeur de son état et ex-mari de Kim Kardashian, en est un bel exemple. L’homme a fondé son propre mouvement religieux qui prône l’amour. Sélectif. Il aime tout le monde sauf les juifs. Défendu par Alex Jones, un présentateur radio américain sympathisant de l’extrême droite, qui déclare : «Vous n’êtes pas Hitler, vous n’êtes pas un nazi, vous ne méritez pas d’être montré du doigt et diabolisé», Ye a répliqué qu’il percevait «du bon chez Hitler» – l’invention des autoroutes et du microphone, en l’occurrence – «Il faut arrêter de catégoriser les gens. Chaque être humain a quelque chose de valeur qu’il a apporté, en particulier Hitler.»

Les trains n’arrivaient-ils pas assez rapidement à destination ? Hitler voulait-il qu’une plus grande audience entende ses idées nauséabondes ? Ces circonstances atténuantes avancées par Ye, l’avocat du diable, pèsent peu dans la balance face aux horreurs perpétrées par le Führer. Faut-il en rire ? La culture, c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale. Ye oublie que les idées d’Hitler sont héritées des négriers et autres esclavagistes qui ont arraché ses ancêtres à leur terre. Mais peut-être que les hommes qui ont organisé et cautionné cela ont inventé le fil à couper le beurre ou les voyages organisés ? C’est aussi tiré par les cheveux que la maman de Jonathann Daval qui affirme : «Je ne suis pas inquiète du tout parce que mon fils s’entend très bien avec Guy Georges».

Il ne faut pas catégoriser les gens, dit le rappeur philosophe – à raison d’écervelés. Eh bien pour moi, il faut rendre à Ye ce qui est à Ye, il est un con comme un autre. Point barre.