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Wall-E au Luxembourg

Sommes-nous déjà dans le monde de Wall-E ? Pour le magazine anglais New Statesman, la réponse est incontestablement «yes»… Y compris au Luxembourg, pourrait-on ajouter !

Pour ceux qui n’auraient pas vu ce chef-d’œuvre d’animation signé Pixar, Wall-E décrit un futur où l’humanité, grassement vautrée dans la société de consommation, fuit une planète Terre transformée en décharge. Amoncellement de détritus, publicité envahissante, obésité galopante… Étrangement familier, fait remarquer ce magazine.

À commencer par les milliards de tonnes de déchets que nos sociétés défèquent. Ne parlons que des déchets alimentaires : un tiers de la production alimentaire mondiale (près de 1,3 milliard de tonnes) est perdue chaque année. Or avec 115 kg par habitant et par an, le Luxembourg a été pointé comme un des tristes champions mondiaux de ce gaspillage alimentaire !

Quant à l’épidémie d’obésité, elle n’épargne pas le Grand-Duché : le taux d’obésité y est en hausse, constate l’Organisation mondiale de la santé. Désormais, 15 % de la population luxembourgeoise est obèse (la moyenne mondiale est de 13 %), avec 45 % de surpoids chez les hommes et 30 % chez les femmes.

Par contre, concernant les réclames qui dans le film envahissent chaque centimètre carré, il faut se réjouir que le Luxembourg ait su préserver une certaine quiétude publique. Nos rues ne ressemblent heureusement pas à celles de Times Square ou de Tokyo-Centre.

Mais les annonceurs savent que leur nouvel eldorado se trouve dans nos poches : les smartphones. Grâce à ces terminaux numériques – très répandus au Luxembourg – les pubs s’insinuent dans chaque jeu, application et réseau social. En témoigne, dernièrement, le phénomène Pokémon Go, un cheval de Troie publicitaire qui devrait faire cas d’école.

Évidemment, pas de quoi fuir le Grand-Duché, qui est encore bien éloigné de la vision cauchemardesque prophétisée par Wall-E. Mais certains signaux décrits par le New Statesman nous alertent sur le fait que la fiction est en train de rejoindre la réalité…

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)