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Volte-face collective

Deux petites phrases ont suffi au CSV et au DP pour appuyer, mardi, leur vote positif à une motion invitant le gouvernement à ne pas remettre en cause le droit exclusif des syndicats à négocier et signer des conventions collectives. Fin octobre pourtant, les deux partis de la majorité conservatrice-libérale avaient encore refusé de prendre cet engagement formel, à l’image du ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), qui se trouve à la base du conflit social majeur opposant depuis l’automne dernier le camp syndical et le gouvernement.

La menace de l’OGBL et du LCGB de décréter une grève générale semble avoir produit ses effets. Le Premier ministre, Luc Frieden, avait pris les devants en ce début de nouvelle année pour apaiser le climat tendu. À l’issue d’un échange avec les leaders des deux syndicats majeurs du secteur privé, le chef du gouvernement a annoncé la tenue d’une table ronde sociale. Il a aussi répété le droit exclusif accordé aux syndicats dans le domaine des conventions collectives. Le terrain était donc préparé. Lundi, le ministre du Travail a décidé à son tour de passer à l’offensive en invoquant sur les ondes de la radio 100,7 un «malentendu» qui aurait mené au clash avec le camp syndical. Une explication qui est peu convaincante au vu des tergiversations de ces derniers mois.

La volte-face collective du CSV et du DP, hier à la Chambre, est également peu convaincante. En dépit de l’opposition qui s’est formée au sein même de la fraction chrétienne-sociale, il reste probable que le gouvernement cherchera à contourner l’invitation formulée par les députés. Le Premier ministre ne cache pas son intention de sortir du cadre des conventions collectives certains éléments clés. L’organisation du temps du travail est un exemple. Quel sera le poids réel de l’obligation d’ancrer dans une convention collective l’extension des heures d’ouverture dans le commerce de détail?

Des réponses sont attendues lors de la table ronde sociale mise en perspective par Luc Frieden. Il est dans l’intérêt du gouvernement de ne pas trop attendre avant de réunir les partenaires sociaux. Le vote d’hier à la Chambre des députés ne sera pas assez pour assurer la paix sociale.