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Vive le nucléaire !

La polémique continue d’enfler depuis que le Premier ministre, Luc Frieden, est venu apporter son soutien à l’énergie nucléaire de nouvelle génération. S’agit-il d’une volte-face? En tout cas, depuis des décennies, les gouvernements successifs, composés par le CSV également, militent contre l’énergie nucléaire, et plus particulièrement la présence de réacteurs aux abords des frontières du Grand-Duché : Cattenom, Tihange et Doel.

L’accord de coalition stipule d’ailleurs que «dans l’intérêt de la sécurité nationale, le gouvernement (…) interviendra auprès des autorités françaises et belges pour obtenir la fermeture des centrales (…) à risque (…)».

Car le constat est glaçant : en cas d’accident nucléaire majeur, semblable à celui de Fukushima (2011), le Luxembourg deviendrait tout simplement inhabitable. On compterait alors plus de 660 800 réfugiés «nucléaires». Une des «armes» du Grand-Duché pour enfin obtenir la mise à l’arrêt de ces réacteurs est une loi d’indemnisation (datant de 2020), qui, en cas d’accident, forcerait l’Hexagone et le Royaume à verser des réparations potentielles de milliers de milliards d’euros au Luxembourg.

À l’époque, le CSV avait voté pour un texte porté par déi gréng, devenus depuis ses ennemis jurés. Fin juin 2022, le même CSV a pourtant quitté le comité national antinucléaire. Après coup, cette décision ressemble à un premier pas vers la volte-face qui prend forme.

Les contradictions sont toutefois nombreuses. Si Luc Frieden se dit ouvert à l’énergie nucléaire, il refuse tout réacteur au Grand-Duché. Il omet aussi de mentionner les risques et problèmes existants, dont la gestion des déchets radioactifs, qui pourraient être stockés à Bure, non loin du Luxembourg.

Les investissements colossaux dans des réacteurs, dont la construction dure des décennies, ne sont pas mentionnés non plus. Le soutien – lui aussi contradictoire – apporté hier par les jeunes libéraux au Premier ministre… chrétien-social a aussi de quoi interpeller.

Le nucléaire serait un «moindre mal» par rapport à l’énergie fossile. En réalité, le CSV (et le DP?) mise avant tout sur le nucléaire pour éviter de devoir imposer un virage énergétique «idéologique» aux citoyens, qui repose sur une source d’énergie sans aucun risque majeur.