Les problèmes du Grand-Duché commencent à déborder à la frontière et deviennent ceux de ses voisins. Le logement en premier lieu plonge dans la circonspection les observateurs extérieurs de la Grande Région. Il suffit de lire le récent article du Monde concernant les marchands de sommeil qui sévissent en Lorraine, le long des frontières luxembourgeoises. Oui, il faut alimenter la machine économique avec de la main-d’œuvre venue de loin et qui trouve refuge dans des taudis achetés par les patrons. Une vieille recette. On se sert dans des studios et des deux-pièces la nuit et on file bosser au Luxembourg la journée. De quoi faire grincer des dents les responsables municipaux locaux qui fulminent devant le mépris de certaines règles par ces voisins peu scrupuleux. Nous sommes encore loin du «far east», mais tout de même. Cette colère était déjà là en voyant la spéculation déborder à la frontière et éclabousser toutes ces communes limitrophes, séduisantes pour les frontaliers… et les Luxembourgeois en mal de logement dans leur propre pays. Voilà maintenant les Lorrains obligés de quitter leur village ou leur ville, car ils ne peuvent plus y habiter. Et cet effet domino secoue les alentours du Luxembourg et provoque un certain ressentiment. N’y a-t-il vraiment que des avantages à habiter près du Luxembourg?
Le «que» est peut-être de trop, mais évidemment, le Luxembourg est un voisin qui offre beaucoup. Toutefois, ces tensions sur le marché du logement s’additionnent à celles de la mobilité. Il serait bienvenu que les responsables des deux côtés de la frontière s’unissent enfin pour réparer les fissures qui commencent à zébrer l’édifice «Grande Région». Nous sommes l’Europe, mais elle a pourtant du mal à se concrétiser dans certains domaines, notamment quand de l’argent est en jeu ou quand il faut aménager un territoire. La frontière est toujours tellement présente dans les têtes. L’équation est à résoudre rapidement, car des difficultés vont apparaître : il suffit de voir la levée de boucliers pour l’A31 bis, néanmoins indispensable. Beaucoup n’y voient qu’une nuisance de plus provoquée par la proximité du Luxembourg.