Le Luxembourg reste à contre-courant dans la gestion de la pandémie de coronavirus. En automne, le gouvernement a longuement hésité à mettre en place des mesures anti-Covid plus strictes. Au besoin sanitaire de fermer boutique est venu s’ajouter le facteur moral et psychologique. Le choix a été pris de laisser toute une série de libertés à la population, dont les voisins français, belges et allemands sont encore privés jusqu’à aujourd’hui.
Mercredi, le gouvernement a décidé d’offrir une nouvelle bouffée d’oxygène à un secteur Horeca asphyxié et des citoyens en quête d’une plus grande normalité. Même si elle a été mise en perspective dès début mars, la réouverture des terrasses sous des conditions strictes arrive à un moment où la situation sanitaire est tendue. Les 353 nouvelles infections enregistrées mercredi constituent un record en 2021. On est encore loin du pic absolu de 889 contaminations datant du 17 novembre, mais la tendance est clairement à la hausse. La semaine écoulée, un peu plus de 25 % des infections ont été enregistrées. Une triste réalité est aussi que les décès liés au coronavirus restent aussi à un niveau très élevé, en dépit de l’avancement de la campagne de vaccination.
Par contre, le nombre de lits occupés en soins intensifs par des patients infectés continue de stagner autour de 20 % de la capacité totale. Dans les pays voisins, ce taux varie entre 70 et 90 %. Mercredi soir, 17 personnes se trouvaient en réanimation. S’y ajoutent 104 patients en soins normaux. Dès le départ, l’objectif des restrictions anti-Covid était de ne pas surcharger les hôpitaux. Au vu de ces chiffres, le gouvernement estime qu’un petit assouplissement des mesures anti-Covid est envisageable.
La joie de pouvoir retourner boire un verre ou manger en terrasse ne doit cependant pas faire oublier que le prix à payer pour cet assouplissement est la prolongation de toutes les autres restrictions en vigueur. Les rassemblements restent fortement limités. Dans le même temps, écoles et commerces restent ouverts, tout comme la culture et une frange du sport.
Le chemin grand-ducal continue à ressembler à une danse sur la corde raide. Le risque pris par le gouvernement doit être honoré par une population certes lassée, mais logée à bien meilleure enseigne que ses voisins.
David Marques