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Virage économique

Le feuilleton de l’été qui tenait le ministère de l’Économie en haleine a connu mardi une fin heureuse : Google va pouvoir s’installer au Luxembourg. Il a fallu des semaines de négociations pour que l’un des propriétaires de Bissen cède son bout de terrain afin que le géant américain ait assez de place pour implanter son centre de données. On ne va pas pleurer pour le propriétaire qui va certainement être grassement rétribué pour son bout de champ, ce dernier ayant subitement pris une valeur inestimable.

Cette venue au Grand-Duché est une bonne nouvelle pour le pays. En particulier pour son image, car les efforts sont faits ces dernières années pour se dépêtrer du paradis fiscal un peu trop gênant désormais. Le Luxembourg veut passer le virage de la finance et affiche désormais un pays accueillant pour les talents et les start-up. Et quoi de mieux qu’accueillir l’étendard de la Silicon Valley pour attirer les talents et mettre Luxembourg sur la carte des geeks en tout genre ?

Si le signal est fort, il va falloir que le pays suive, car l’innovation technologique et les prises de risque ne sont pas dans l’ADN des Luxembourgeois, surtout des jeunes qui rêvent plutôt du cocon douillet qu’offrent les carrières de l’administration. Il va donc falloir attirer des talents et cela demande des efforts supplémentaires. Des talents qui viennent d’ailleurs, mais que fera-t-on de ceux qui sont déjà là? Facile pour les frontaliers qui devront rentrer chez eux, mais pour les résidents, il va falloir s’adapter à la nouvelle donne d’un Luxembourg en pleine mutation économique.

Reste que les problématiques de mobilité et de logement sont les deux grands thèmes qui vont animer les élections communales. Une implantation comme celle de Google demande des efforts en termes d’infrastructures, et ces dernières ont du mal à rattraper le développement fulgurant du pays. Il faudra bien plus que convaincre un petit propriétaire pour que le pays absorbe sereinement cette croissance continue de la population qui souhaite vivre et se loger à proximité.

Audrey Somnard