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Victimes collatérales

Les communes de Remich et Schengen ont décidé de prendre le taureau par les cornes : à compter de la rentrée prochaine, les enfants luxembourgeois vivant de l’autre côté de la frontière ne seront plus acceptés dans leurs écoles. Une décision radicale visant à limiter l’afflux d’élèves provenant d’autres pays. Jusqu’ici, l’école fondamentale de Remich a en effet fermé les yeux et accueilli des élèves habitant de l’autre côté de la Moselle. Mais le conseil communal a décidé, vendredi dernier, de durcir les conditions d’admission des enfants issus d’autres villes.

Les familles ne pourront obtenir une place dans l’établissement que si l’un des parents travaille dans la commune. Une solution que Schengen a déjà mise en place, confrontée au même «problème». Si la plupart des membres du conseil communal de Remich se sont prononcés en faveur de la scolarisation des élèves luxembourgeois dans leur lieu de résidence hors Grand-Duché, cette décision divise. Dans la classe politique déjà. Mais pas seulement.

Après tout, pourquoi les parents en viennent-ils à prendre de telles dispositions? Le système éducatif luxembourgeois est-il vraiment supérieur à ceux de nos voisins français et allemand? Ou est-ce une manière, plutôt implicite, de mettre l’accent sur les problèmes de logement que connaît, encore et toujours, le Luxembourg?

Ils sont en effet 2 962 résidents luxembourgeois à avoir fait le choix de quitter le territoire du Grand-Duché (en 2023, selon le Statec), bien souvent pour s’installer quelques kilomètres plus loin seulement. Mais pour un loyer divisé par deux. Une décision somme toute compréhensible, mais qui fait grincer des dents : «Bien sûr, il est plus facile d’habiter en Allemagne. Mais alors il faut aussi vivre avec les conséquences», a commenté un élu de Remich, afin de justifier son vote lors du dernier conseil communal.

On ne s’attaque pas ici au vrai problème. Ce ne sont pas ces quelques enfants scolarisés dans nos écoles qui dérangent. Ce sont avant tout les prix exorbitants de l’immobilier luxembourgeois et l’impossibilité, pour beaucoup, de pouvoir vivre décemment au Grand-Duché. Les enfants scolarisés à Remich et Schengen ne sont ici, malheureusement, que des victimes collatérales de l’absence de politique majeure liée au logement.

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