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Vestager fait le job

Treize milliards! La Commission européenne vient de frapper fort, très fort, trop fort? On envie souvent le poste des fonctionnaires européens, que l’on qualifie, à tort, de doré. Mais s’il y a bien une fonctionnaire qui ne chôme pas, c’est Margrethe Vestager, la Dame de fer de la Commission européenne. En moins de deux ans au poste de commissaire européenne à la Concurrence, la Danoise a épinglé des multinationales comme Starbucks, Fiat Chrysler et Amazon. Mieux, elle vient de donner une grande gifle au géant de Cupertino, Apple… ou plutôt une petite gifle.

En y réfléchissant bien, cette gifle n’a rien de bien méchant, c’est plus une mise en garde pour les entreprises moins puissantes qu’Apple. Il faut rappeler que la marque à la pomme a plus de 200  milliards de dollars de réserves, qu’elle réalise en moyenne un chiffre d’affaires tournant autour de 50 à 150  milliards de dollars selon les années. Autant dire que le remboursement de treize milliards de dollars à l’Irlande fera autant d’effet qu’une amende de 24  euros pour stationnement sans ticket. Mais bon, on dira que c’est le geste qui compte et puis cela prouve que la Commission européenne fait le job ou presque. Car, dans le fond, Apple n’a pas écopé d’une amende. La société américaine doit «juste» rembourser l’Irlande, le pays qui lui a permis d’échapper à l’impôt en profitant d’un petit arrangement fiscal. Donc, Apple va rembourser l’administration qui lui a permis de payer moins d’impôts.

Quand on y pense, les entreprises comme Starbucks, Fiat Chrysler, Amazon et Apple font la même chose que nous. Elles tentent de gonfler au maximum ce qu’elles peuvent déduire de leurs impôts, avec l’approbation de l’administration fiscale du pays en question. Au final, cette décision de la Commission ressemble davantage à un petit arrangement entre amis. Apple donnera treize  milliards à sa terre d’accueil en Europe, l’Irlande. Cette dernière va faire mine de protester, mais ne dira pas non à treize  milliards, afin de, espérons-le, réduire sa dette. Enfin, jackpot pour la Commission européenne, qui vient de démontrer qu’elle peut s’énerver… ou du moins se fâcher… bon, OK, froncer les sourcils.

Jeremy Zabatta