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Vert de rage

À Paris, un évènement insolite a eu lieu au pied des Invalides, samedi. La Formule E (pour électrique) a en effet fait étape au cœur de la capitale française. Mais avant les crissements de pneus, il y a eu les grincements de dents de certains élus écolos français. Même quand elles sont électriques, ces maudites bagnoles restent pour certains la charrette du diable. Faire la promotion du sport automobile au cœur de Paris était ainsi à la limite du supportable pour quelques élus qui sont montés au créneau.

La vue du bitume provisoire déposé autour des Invalides pour la course a donné la nausée à ces amoureux de l’environnement : les effluves de ce bitume seraient toxiques et présenteraient un risque cancérogène pour les habitants, ont-ils affirmé par voie de communiqué! De plus, selon eux, la mairie a confisqué aux cyclistes et aux piétons cette zone de Paris tout en faisant la promotion de la voiture. Bref, cet évènement a été un véritable «désastre écologique», rien que ça, pour les élus vert de la Ville Lumière. Inutile de dire que cette position a provoqué bon nombre de haussements d’épaules. Soyons clairs, les remarques des écolos parisiens ne sont évidemment pas sans fondement, mais que de gesticulations vaines et stériles! Un débat sur l’origine de cette électricité, par exemple, aurait pu être beaucoup plus intéressant et constructif! Mais, peut-être, est-ce trop demander aux politiciens français?

Chez nos voisins, l’électricité consommée par les habitants et les entreprises provient à environ 75 % des centrales nucléaires. Il y a actuellement 58 réacteurs aux niveaux de puissance différents répartis sur 19 sites dans l’Hexagone… quatre de ces réacteurs se trouvent à Cattenom. Qu’en sera-t-il quand les voitures électriques auront envahi nos routes? Évidemment, ce débat sur l’origine de cette électricité reste épineux pour nos amis écolos français : ils participent à un gouvernement qui a décidé de prolonger de dix ans la durée de vie des centrales nucléaires! La France n’est pas à un paradoxe près. Ses écolos non plus.

Laurent Duraisin (lduraisin@lequotidien.lu)