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Vent mauvais à la frontière

Nos voisins français pataugent dans une nouvelle crise politique. Mais celle-là est profonde et risque de laisser des traces, même au Luxembourg. La dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron après la victoire écrasante du Rassemblement national aux élections européennes était-elle vraiment une surprise? Avec une majorité relative dans l’hémicycle, le programme de son gouvernement s’est fracassé jour après jour contre les protestations des oppositions, les débordements de certains députés et les passages en force pour faire passer des réformes comme celle de la retraite ou de l’assurance chômage. Impossible de faire comme il ne s’était rien passé dimanche dernier.

Conclusion : les Français vont enfin pouvoir définitivement trancher, choisir un cap, alors que trois forces semblent devoir se faire face : le Front populaire réunissant les partis de gauche, le Rassemblement national et ses alliés, et enfin le parti gouvernemental qui puise des têtes de liste dans les autres partis en pleine décomposition après le scrutin du 9 juin. À la fin du mois et au début du mois de juillet, les Français seront les arbitres de cette bataille jusqu’à l’élection présidentielle qui aura lieu dans trois ans. Le chaos est-il à prévoir pour cet été?

L’inquiétude monte dans les milieux économiques alors que les partis désirant accéder au pouvoir ne sont pas avares de promesses. Les mêmes qui hurlaient à la faillite de la France il y a quelques semaines à peine proposent dorénavant ristournes fiscales, impôts allégés, TVA évaporée, retraite à 60 ans… et on en passe. Une drôle d’atmosphère règne de l’autre côté de la frontière. Et le vent mauvais de cette crise parlementaire risque bien de la franchir, qu’on le veuille ou non. La décision des Français aura aussi des conséquences sur le Luxembourg. L’Hexagone est notre troisième partenaire commercial, sans parler des 120 000 frontaliers lorrains qui viennent travailler au Grand-Duché tous les jours. Les déchirures françaises vont s’élargir encore plus lors de la campagne express de trois semaines. En attendant de nouvelles à l’issue du scrutin.