Frontline. En français, cela se traduit par «en première ligne». Le terme est nouveau et a été utilisé par le Statec pour désigner les personnes ne pouvant pas télétravailler (et donc se protéger) au plus fort de la crise sanitaire, car elles exercent un métier essentiel pour la bonne marche du pays et incompatible avec le travail à distance. Le gouvernement a listé avec précision les métiers et les activités en première ligne. Cette catégorie comprend, entre autres, les professionnels de la santé, les forces de l’ordre, les enseignants et ingénieurs dans l’énergie. Mais elle concerne également les caissiers et les réassortisseurs de la grande distribution, les agents de nettoyage, les chauffeurs, les agents de sécurité, etc. Au total, ils sont 150 000 au Luxembourg.
Dans cette catégorie de salariés, 74 % n’ont pas fait d’études supérieures. Trente-huit pour cent ont seulement achevé l’école secondaire alors que 36 % ne l’ont pas fait. Dès lors, ces personnes sont souvent mal rémunérées, peu considérées et très souvent mal jugées. Pourtant, elles étaient en première ligne pendant que les autres étaient en télétravail. C’est elles qui ont contribué à maintenir le pays à flot de mars à juin et même encore maintenant. Pour les remercier, il y a eu des applaudissements. Certaines entreprises ont octroyé des primes. Le gouvernement a promis plus de moyens dans certains secteurs, notamment la santé. Mais après ?
Grâce à cette crise inédite, on a pu se rendre compte de l’importance de cette première ligne. Par conséquent, ne faudrait-il pas la valoriser? On pourrait imaginer l’obligation d’accorder une rémunération supérieure au salaire minimum non qualifié pour les salariés faisant partie de la première ligne, quelles que soit leurs qualifications. Ou encore tenter de réduire, par un mécanisme quelconque, le nombre de contrats à durée déterminée dans cette catégorie. Car maintenant nous savons sur qui nous devrons compter en cas de crise. Alors au lieu de les honorer par des applaudissements et des remerciements, aidons-les plutôt à ne pas subir une inégalité toujours plus grandissante au sein de la société.
Jeremy Zabatta