Cela relève de l’utopie, surtout dans le contexte géopolitique actuel. Mais qu’est-ce que ce serait beau si la rivalité entre deux pays se limitait à des rencontres dans les arènes de sport. Il s’agit d’ailleurs de l’esprit même des Jeux olympiques, dont les valeurs fondamentales sont l’amitié, le respect et l’excellence. Malheureusement, la réalité est tout autre. Il existe toujours des États et régimes qui usent de leur force militaire pour sortir gagnants de conflits. Des conflits insensés, brutaux et illégaux qui, en fin de compte, ne connaissent que des perdants, les civils innocents en tête. Il suffit de tourner le regard vers l’Ukraine, qui se défend depuis plus de 18 mois contre l’agresseur russe. Et une fin de la guerre n’est pas en vue.
On est donc très loin de la taquinerie à laquelle s’est livré hier le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, au moment d’accueillir son homologue islandaise, Katrín Jakobsdóttir. Les deux pays ne s’affrontent pas sur le plan politique ou militaire – l’Islande ne dispose même pas d’une armée – mais, demain soir, sur le terrain du Stade de Luxembourg. L’amitié qui lie les deux chefs de gouvernement sera mise entre parenthèses durant les 90 minutes de cette rencontre de football, comme c’est le cas pour la grande majorité des dirigeants politiques dans le monde lorsque les équipes nationales se rencontrent. La Russie de Vladimir Poutine ne se contentera cependant pas d’un duel sportif avec l’Ukraine de Volodymyr Zelensky. Et la Chine de Xi Jinping risque elle aussi de refuser un simple match contre les États-Unis de Joe Biden.
Comme évoqué, ce genre de réflexion relève de l’utopie. Ainsi, Katrín Jakobsdóttir et Xavier Bettel ont été obligés de parler, hier, bien plus de soutien militaire et humanitaire à apporter à l’Ukraine que de coopération bilatérale entre deux pays amis. Le scénario est bien rodé. Dans le monde actuel, ce sont les conflits armés, mais aussi les dissonances politiques, économiques, sociétales ou climatiques qui dictent l’agenda des rencontres entre responsables politiques. La dure et triste réalité est que des valeurs comme l’amitié et le respect sont trop souvent bafouées sans aucune pitié.