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Vacances à Venise

On pensait que Léon Gloden avait réussi à sortir du piège qu’il s’est tendu à lui-même. Mercredi, le ministre du CSV avait en effet condamné l’attaque sur la liberté d’expression du député Tom Weidig, venu menacer le caricaturiste Carlo Schneider. Une source nous indique, en outre, que le Premier ministre, Luc Frieden, n’a pas manqué de sermonner son collègue de parti, lui-même auteur d’une attaque verbale contre le milieu artistique.

Mais force est de constater que Léon Gloden continue à s’enfoncer. Sans livrer de preuves, le ministre a déjà clamé haut et fort que des bandes débarqueraient «tous les matins sur le boulevard Royal pour déposer des mendiants». Des «street workers» de Caritas ne peuvent cependant pas confirmer ce défilé de «limousines allemandes immatriculées en Belgique». Or, «tout le monde» aurait connaissance de ces faits, rétorque le ministre. Ni les forces de l’ordre ni la justice ne semblent toutefois en mesure de rassembler assez de preuves pour mettre fin à cette supposée traite d’êtres humains.

Jeudi soir, Léon Gloden était invité sur le plateau de RTL pour débattre avec les ex-ministres de l’Intérieur Taina Bofferding (LSAP) et de la Justice Sam Tanson (déi gréng), tout comme le député Fernand Kartheiser (ADR), sur l’interdiction de la mendicité en Ville. La polémique n’est pas près de dégonfler, aussi en raison de propos douteux du ministre chrétien-social. «Un mendiant, membre d’une bande organisée, a dit dernièrement au revoir à un policier, car il comptait partir pendant quelques semaines à Venise.» «On se reverra en février ici à Luxembourg», aurait ajouté ce mendiant, comme le rapporte Léon Gloden.

Si les mendiants agissant en bande préfèrent vraiment partir sous le soleil italien lors des mois les plus froids, l’action coup-de-poing, qui s’annonce pour ce lundi, pose encore plus question. Ce serait donc bien, en fin de compte, les simples mendiants paisibles qui vont se faire verbaliser par un large dispositif de policiers. Une contradiction de plus, alors que ministre et édiles de la Ville ne cessent de clamer que seule la mendicité organisée et agressive est visée par l’interdiction, indépendamment du fait que «toute forme de mendicité» est désormais punissable. Éloquent.