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Urgence !

Vendredi dernier, Le Quotidien rapportait l’affaire d’un entraîneur de foot d’une équipe de jeunes d’un club des faubourgs de la capitale contre lequel des parents avaient procédé à un signalement pour abus sexuel sur leur enfant, en début d’année dernière. Le coach a été suspendu et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entraîner des enfants, le temps pour les enquêteurs de tirer l’histoire au clair. Mais dès la rentrée, le même entraîneur se trouvait à la tête d’une nouvelle équipe de jeunes, dans un club du Bassin minier cette fois. Et il aura fallu près de deux mois à la police pour le débusquer et l’arrêter, car il n’avait pas respecté les termes de son contrôle judiciaire. Deux mois, c’est à la fois court et très long si l’on considère les dégâts qui peuvent être commis dans ce laps de temps.

Il ne s’agit pas ici d’engager une chasse à l’homme, mais de relever la faille d’un système dans lequel un individu mal intentionné peut s’engouffrer et causer des torts irrémédiables à un enfant. Un abus sexuel, c’est dans la plupart des cas une vie entière fichue en l’air. Il ne s’agit pas de stigmatiser cet entraîneur en particulier : il n’est pas condamné et reste, comme tout justiciable, présumé innocent tant que sa culpabilité n’est pas établie par un tribunal.

Ce qui est en revanche certain, c’est qu’il y a dysfonctionnement, un manquement pouvant se révéler d’une gravité exceptionnelle dans lequel les responsabilités sont peut-être partagées entre autorité publique et clubs sportifs ou toute autre association de loisirs travaillant avec des enfants. Serait-il donc si compliqué d’imaginer une procédure permettant, par exemple, aux responsables associatifs d’échanger avec le ministère de la Justice afin de savoir si l’entraîneur ou l’animateur qu’ils engagent a été condamné ou est placé sous contrôle judiciaire pour de tels faits? Tout ici est question de volonté, de volonté politique notamment.

Sur le plan juridique, les abus sexuels et viols sur mineurs relèvent de la qualification criminelle. Il serait tout aussi criminel de ne rien faire. Il faut agir, certes sans excès et sans étalage. Mais il y a urgence, car il en va de la sécurité et de l’avenir des enfants.

Fabien Grasser