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Une voix pour des voix

Une Amérique irréconciliable? La mort de Charlie Kirk, tué par balle en plein meeting à l’université de l’Utah, a encore une fois réveillé les vieux démons des États-Unis. La société américaine semble condamnée à s’affronter par le biais des communautarismes, des idéologies impossibles à rapprocher, des populations désormais si éloignées les unes des autres. Alors, la violence rythme la vie politique américaine avec ses émeutes, ses violences, ses tentatives d’assassinat (Trump peut en témoigner) ou ses meurtres. Malheureusement, le nom de Charlie Kirk s’ajoute à une liste déjà bien longue. On ne veut plus parler, plus le temps. Et pourquoi faire, d’ailleurs?

On veut faire taire celui qui parle ou on veut éliminer celui qui représente tout ce qu’on déteste : l’autre bord politique, un politicien jugé trop mou, un voisin un peu trop ouvert d’esprit, un collègue trop bigot et patriote. En juin dernier, une élue démocrate du Minnesota était tuée avec son mari. L’auteur des tirs, finalement arrêté, avait visité les domiciles de quatre élus pour les «éliminer». La démocratie américaine est malade et la modération n’a plus lieu d’être. Mais est-ce vraiment une surprise? Il y a quelques années, l’actuel président avait parlé de coup d’État après la victoire de Joe Biden. Il n’avait, d’ailleurs, presque rien dit quand ses supporters avaient attaqué le Capitole. Encore des morts. Et maintenant, il faut cliver si on veut être élu.

Cette petite musique de la division et de la haine existe aussi ici en Europe. Charlie Kirk est même utilisé comme porte-drapeau de la liberté d’expression sur notre continent par certains partis qui souhaitent tirer avantage de cette mort pour racler quelques voix en plus. Le Parlement européen a été secoué par une belle pagaille quand les élus d’extrême droite ont voulu respecter une minute de silence pour ce citoyen américain, proche allié de Trump, mort de l’autre côté de l’Atlantique. Il fallait faire de l’affichage et se montrer. S’il fallait faire une minute de silence pour tous ceux qui sont tués pour leur opinion dans le monde, malheureusement, le Parlement serait silencieux pendant des mois. Mais certaines victimes rapportent plus de voix que d’autres.