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Une vieille connaissance

Coucou, le revoilà ! Qui ça ? Quoi donc ? Le covid, tiens ! C’est qu’on l’avait oublié depuis belle lurette, celui-ci. Trois années de restrictions et plusieurs confinements, ça paraît déjà si loin. On pensait même l’avoir viré pour de bon, le récalcitrant virus mutant. C’est l’invité-surprise de l’été, qui débarque sans prévenir. Comme une vieille connaissance que l’on a perdue de vue, en faisant semblant de ne pas la reconnaître quand on la croise. Cela doit bien faire neuf mois qu’on n’avait plus de nouvelles. Le temps pour la famille de s’agrandir. Le petit dernier a été baptisé Eris par les scientifiques.

S’il est décrit comme plus contagieux que ses illustres aînés, il n’est a priori pas plus dangereux. Les autorités notent bien un afflux aux urgences, mais pas de vague d’hospitalisations ni de décès. Pour l’heure, Eris s’offre un road trip aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Inde ou au Japon. Rien qui ne perturbe les vacances, comme la douceur de vivre retrouvée. Pas de raison d’étouffer sous les masques, tandis que la chaleur revient nous faire suer. Et pas la peine de se curer les narines à coups de tests PCR à la moindre goutte au nez. Rien de grave, docteur. Si on est tous malades en ce moment, à cracher nos poumons et se racler la gorge avec une voix de fumeur de Gitane, c’est d’abord et surtout du fait du dérèglement climatique. Inutile de mégoter. Passer de 35 à 15 °C en une journée, ça vous casse pour le reste de la semaine.

Les prévisions de la météo épidémiologique ne déclenchent donc actuellement aucune alerte. Tout au plus, un avis de vigilance. Ce qui doit plutôt nous inquiéter, en revanche, c’est de savoir si les systèmes de santé seront en capacité de résister dans l’éventualité où Eris viendrait à s’emballer. La vieille connaissance ravive de mauvais souvenirs. Car parmi les nombreuses leçons qui n’ont pas été tirées de la pandémie, la question de requinquer toute une chaîne de soins mise à mal depuis des décennies reste posée. Aucun remède n’a été administré par les pouvoirs publics. Quand on voit les délais d’attente inconsidérés pour obtenir un rendez-vous chez l’un ou l’autre médecin, il y a de quoi perdre patience. Et trembler en cas de hausse de tension.

Alexandra Parachini