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Une vie sous les missiles

Encore un! Un nouveau missile nord-coréen a traversé le ciel japonais pour s’écraser dans le Pacifique le 14 septembre dernier. Le 29 août, une autre fusée avait pris le même chemin pour s’abîmer ensuite dans l’océan. La situation est surréaliste. Le peuple japonais (et il n’est pas le seul) est pris en otage par le régime totalitaire nord-coréen qui jauge la volonté de la communauté internationale à coups de missiles menaçant les populations civiles. Aujourd’hui, les habitants de l’archipel japonais doivent vivre avec des déploiements quotidiens de batteries Patriot et sont invités à trouver un abri dès que les sirènes J-Alert se mettent en route.

Ce système a été créé pour avertir la population d’un désastre d’origine naturelle ou… nord-coréenne. Malheureusement, ce dispositif est aujourd’hui bien rodé! À chaque tir de missile nord-coréen, les haut-parleurs hurlent et lancent : «Abritez-vous dans un immeuble stable ou un sous-sol!» Des SMS sont également envoyés aux habitants pour les alerter. Comment peut-on s’habituer à cela? La patience des Japonais qui voient leur pays menacé par les gesticulations guerrières de leur voisin nord-coréen est incroyable. Quel pays pourrait tolérer cette situation : voir des missiles traverser l’horizon, passer au-dessus de ses villes et de ses villages et ensuite admirer, via la télévision d’État nord-coréenne, le fou rire du dictateur qui les a lancés?

Dans les rues de Tokyo, lorsque les journalistes interrogent les habitants, l’inquiétude est palpable. Les passants ne se cachent plus pour expliquer qu’ils ont réfléchi à un plan de secours en cas d’attaque nucléaire de la Corée du Nord, qu’ils ont réfléchi à leur fuite pour se mettre à l’abri dans leur propre pays. Un sondage de la chaîne publique NHK, effectué entre les 8 et 10 septembre, montre que 52 % des citoyens japonais se disent «très inquiets» face à la menace que représente la Corée du Nord, et 35 % «plutôt inquiets». Après ce nouveau tir de missile, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni, a discuté et a condamné. Mais pas sûr que cela rassure les Japonais.

Laurent Duraisin