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Une victoire à la Pyrrhus

Les Français ont donc tranché et le Rassemblement national ne pourra pas former un gouvernement. Loin de la majorité absolue, il devient la troisième force derrière Ensemble, le parti du président Emmanuel Macron, et le Nouveau Front populaire qui termine en tête. Mais il n’y a pas de quoi pavoiser. Le pays est bel et bien coupé en trois. Certains ténors de la gauche ont crié à la victoire dimanche soir en voyant leur coalition arriver en première position. C’est bien vite oublier les dissensions entre ces partenaires qui se sont trouvés au lendemain du premier tour des législatives, écrasé par le parti d’extrême droite. C’est aussi bien vite oublier que le front républicain a permis aux candidats du parti présidentiel et du Nouveau Front populaire de figurer seuls face aux candidats du Rassemblement national. C’est aussi bien vite oublier que ce nouveau front républicain a provoqué le report de voix d’électeurs votant à droite de l’échiquier politique ou pour le camp d’Emmanuel Macron… Une victoire, certes, mais en trompe-l’œil.

Qui maintenant pour gouverner le pays ? La France n’est pas habituée à ce cas de figure. Une coalition? À voir, mais si elle se forme, ce sera un véritable tour de force. Autre inquiétude : la durabilité dans le temps de ce nouveau front de gauche qui comprend une mosaïque de partis et de personnalités qui ont parfois du mal à cohabiter. Et qui est bien loin de la majorité absolue malgré sa performance hier soir, rappelons-le.

Autre chose également à ne pas oublier pour les députés de l’Assemblée nationale qui se félicitent, à juste titre, de la mise à l’écart du Rassemblement national : les jours qui arrivent risquent d’être scrutés de près par ceux qui ont fait confiance au discours anti-extrême droite et qui ne souhaitent pas être floués ou que leur vote soit mal interprété par ceux qui vont constituer un gouvernement demain. Bardella et Le Pen n’ont pas tout perdu. Loin de là. Ils progressent toujours et encore. Ils sont en embuscade et leur formation sera plus conséquente encore dans l’hémicycle. Dans trois ans viendront une présidentielle et de nouvelles élections législatives. Les Français ont-ils reculé pour mieux sauter? Il ne faudra pas les décevoir.

Un commentaire

  1. Patrick Hurst

    Faut-il le dire malheureusement: Avec la 5e république instaurée par De Gaulle en 1958, la France a perdu tout sens politique de la coalition. Bref: c’est un système qui a litéralement explosé l’échiquier politique, ne laissant que 3 blocs hétéroclytes (les extrèmes de gauche et de droite) et LREM, qui n’a pas non plus de majorité gouvernable. Faut-il le rappeler aussi, les poussées progressives de l’extrème droite (1997, 2002, 2014, 2017, 2022, 2024) ne datent pas d’hier et à entendre certains constitutionalistes déguêner sur France-Info: « l’art de gouverner, c’est de ne pas avoir une majorité de 289 voix contre soi »… ça peut faire peur!
    Peut-être que ces gentilhommes et femmes politiques devraient faire un petit tour au Grand-Duché, justement aussi pour arrêter ce discour grandiloquant façon Macron / Attal… Peut-être se rendraient-ils compte que gagner à des élections, ce n’est pas seulement un moment de gloire, mais s’accompagne de responsabilités!

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