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Une utopie, vite !

Panama Papers, réchauffement climatique, épidémie d’obésité à l’échelle mondiale. Quel est le rapport entre ces trois phénomènes qui semblent n’avoir rien en commun? Le système philosophique, politique et économique dans lequel nous évoluons.

Pourquoi de riches citoyens utilisent des sociétés offshore pour échapper à l’impôt? Pour devenir encore plus riches, pardi. Pourquoi la planète se réchauffe-t-elle? Parce que nous utilisons de plus en plus de ressources pour consommer toujours plus. Pourquoi les hommes sont-ils de plus en plus gros, au-delà des prédispositions génétiques? Parce qu’ils subissent un mode de vie dans lequel nous consommons des choses nuisibles et inutiles que l’on nous vend depuis notre plus jeune âge. Parce qu’il est devenu plus intéressant de se balader au centre commercial que de se promener en forêt.

L’argent et la consommation à outrance sont l’alpha et l’oméga de l’homme du XXIe siècle. Si, heureusement, des mouvements citoyens tentent de réveiller les consciences, il faut bien admettre que les partis politiques dominants n’ont pas grand-chose d’autre à proposer comme projet de société. Les dirigeants qui se présentent en apôtres de l’écologie sont bien souvent les mêmes qui appellent à consommer toujours plus pour favoriser la fameuse et mystique «croissance», ce qui est tout simplement antinomique. Début 2015, le ministre français de l’Économie, Emmanuel Macron, déclarait : «Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires.» Difficile ensuite de prétendre lutter contre l’optimisation fiscale.

Il va bien falloir que nos dirigeants se rendent compte que notre système économique est à bout de souffle, qu’il est néfaste pour la Terre et les hommes. Que les discours du type «libérons les énergies», «créons des synergies» ne peuvent faire office de programme politique et qu’ils ne sont que le reflet du vide philosophique et spirituel de notre époque. Nous avons besoin d’utopie. Sans utopie, sans idéal, une société ne peut faire corps et restera une addition d’individus centrés sur eux-mêmes.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)