Forte pourtant de son marché composé de 450 millions de consommateurs, l’UE peine encore à se positionner par rapport aux droits de douane punitifs décidés par l’administration Trump. Réunis hier à Luxembourg, les ministres européens en charge du commerce n’ont pas souhaité se montrer trop offensifs. Avant de sortir le gros marteau, les Vingt-Sept tentent (une dernière fois?) d’encenser Washington. Un des objectifs est d’expliquer, chiffres à l’appui, que le déficit commercial que les États-Unis possèdent envers l’Europe n’est de loin pas aussi lourd que les 300 milliards d’euros avancés par le président américain. En réalité, le solde négatif se limite à quelque 50 milliards d’euros (biens et services compris), soit à peine 3 % du total des échanges (1 500 milliards d’euros) entre les deux puissances économiques.
Le «deal maker» va-t-il accepter de revoir sa politique tarifaire sur base de ces données? Ou va-t-il plutôt les taxer de fake news? La Commission européenne s’engage en parallèle sur une deuxième piste pour éviter la guerre commerciale. Bruxelles propose aux États-Unis une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels. Pas sûr que cette offre sera suffisante aux yeux de Donald Trump. Tenter de le ramener à la raison en passant par la table des négociations est une approche certainement raisonnable. Toutefois, ne serait-il pas mieux de cibler directement les géants de la «tech» américaine, afin d’avoir en main de meilleures cartes avant d’entamer d’éventuelles négociations?
L’UE ne compte pas «attendre éternellement» avant de riposter. L’importance est de faire preuve d’unité. Le Luxembourg devra lui aussi se montrer solidaire. Sans réaction ferme, la faible croissance que connaît le Grand-Duché – à peine 1 % en 2024 – risque de ralentir encore, avec des impacts négatifs sur les finances publiques et le système de Sécurité sociale. Sans oublier le risque de voir l’inflation grimper à nouveau au-delà des 2 %. Se montrer trop frileux face à Donald Trump est dangereux, d’autant plus si l’on se remémore les immenses défis financiers qui attendent l’Europe et le Grand-Duché : la défense, la lutte contre le changement climatique et le maintien de la cohésion sociale.