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Une question de choix

La photo des deux véhicules de police qui se sont violemment percutés (entraînant la mort d’un policier et plusieurs blessés graves dans les rangs des forces de l’ordre) peut prêter à sourire et renvoyer vers les scènes de cascade des (trop) nombreux films Taxi , dont le cinquième opus est actuellement au cinéma. Mais la réalité est bien moins heureuse, avec au moins une vie fauchée trop tôt. D’autant qu’à la base de ce carambolage mortel, on trouve un automobiliste alcoolisé qui voulait éviter un banal contrôle de la route dans le Nord.

La suite, ce sont les patrouilles sillonnant la région qui ouvrent l’œil afin de mettre la main sur le «fuyard». Puis la collision entre les deux véhicules de police quelques minutes plus tard, sans la présence du fuyard en question, dans une manœuvre encore couverte du secret de l’enquête en cours. Un parfait exemple de ce que l’on appelle communément «l’effet papillon».

L’automobiliste alcoolisé risque gros au vu des nombreux délits accumulés en une soirée : conduite sous l’emprise de l’alcool, évitement d’un contrôle de police et tentative de fuite. Mais peut-on lui mettre sur le dos le décès tragique de l’agent de police sous prétexte que son comportement a conduit au drame? Ce sera à la justice de le dire. Il faudra se poser la question de savoir s’il ne faut pas moderniser la loi sur l’alcool au volant.

Car même avec un retrait de permis, la loi autorise de prendre sa voiture pour se rendre au travail, donc à sillonner les routes d’un pays qui laisse de nombreuses alternatives pour se déplacer, même après un bon repas ou une bonne soirée arrosée. En y réfléchissant, un taxi facture une cinquantaine d’euros pour faire Esch-Luxembourg et environ le triple pour se rendre d’Esch à Diekirch.

Une belle somme effectivement, mais est-ce que cette poignée de billets vaut les conséquences tragiques du choix de cet automobiliste? D’un autre côté, la manœuvre sans doute dangereuse de la police pour retrouver un conducteur alcoolisé en valait-elle la chandelle? Sartre disait que l’«on a toujours le choix», mais faut-il encore être conscient des conséquences de chaque choix.

Jeremy Zabatta