Lentille Terres Rouges, Esch-Schifflange, ancien laminoir de Dudelange… L’heure est à la résurrection pour les friches industrielles du sud du pays. Actuellement, des habitants peuvent participer à un forum pour redonner une seconde vie au site sidérurgique d’Esch-Schifflange. Et ne parlez pas ici de relancer les machines ! Non. Le lieu, stratégique, devrait accueillir dans quelques années de nouveaux habitants, des commerces, des bureaux…
La réussite du quartier de Belval (toujours en phase d’aménagement 18 ans après la présentation du master plan) est dans tous les esprits lorsque l’on évoque ces nouveaux dossiers urbanistiques. Mais Belval, qui est un beau projet, n’a pas vu le jour si simplement. En effet, rapidement des débats ont éclaté pour demander une meilleure protection des vestiges de l’épopée sidérurgique présents sur la friche. Attachés à leur histoire, les habitants du bassin minier et surtout ceux qui avaient travaillé sur le site ont donné de la voix. Ils ont été entendus par l’aménageur Agora, même si le dialogue fut parfois délicat au début.
Ce débat sur la préservation des vieux bâtiments de «l’usine» est également présent pour Esch-Schifflange, c’était attendu. Encore une fois, les habitants consultés ou les élus devront faire la part des choses et mettre parfois l’affect de côté : cela coûte cher de garder des vestiges industriels. Et c’est Agora (encore) qui devra mettre en musique les différentes idées pour que ce site reprenne vie, mais soit aussi rapidement adopté par les habitants.
Ce respect et ces échanges démocratiques n’allaient pas de soi il y a peu. Les temps ont changé. Il y a 17 ans, le dynamitage de trois tours de refroidissement sur la friche des Terres Rouges à Esch-sur-Alzette avait provoqué un scandale. À cette époque, ArcelorMittal avait fait sauter les bâtiments grisâtres alors que la bourgmestre Lydia Mutsch bataillait pour les faire classer et les sauver. Le géant sidérurgique était passé outre, provoquant la fureur de l’élue. Une colère mémorable. Nous n’en sommes plus là aujourd’hui : place au dialogue et à la consultation. Et si l’alchimie fonctionne, Esch-Schifflange sera un succès, comme Belval.
Laurent Duraisin