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Une prison «bleu doré» ?

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, évoque une «journée véritablement historique». Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen, parle d’un bon «équilibre entre solidarité et responsabilité».

«Telle est la voie européenne», ajoute-t-elle. Mais le pacte migratoire, validé dans la douleur, mérite-t-il ces superlatifs?

Seule certitude : le statu quo n’était plus tenable. Le manque de solidarité criant entre les Vingt-Sept a contribué à transformer la Méditerranée en un cimetière à ciel ouvert.

La vérité inconfortable est que le «colonialisme» des temps modernes (pillage des ressources naturelles, ingérence politique…) et les conflits armés poussent tous ces migrants à tout risquer pour bâtir une vie meilleure sur le Vieux Continent.

Ne faudrait-il pas commencer par réellement soutenir les pays de départ? La réponse est non, surtout pour la droite conservatrice, désormais favorable à un modèle «Rwanda» pour repousser encore plus loin les migrants.

En attendant pire, la famille politique du CSV cautionne, avec les sociaux-démocrates (LSAP) et les libéraux (DP), l’installation de centres de rétention, censés «accueillir» les migrants qui ont peu de chances d’obtenir l’asile. Même des enfants seront casernés pendant au moins douze semaines.

Après cette procédure accélérée, la plupart seront renvoyés de force dans leur pays d’origine. Du moins en théorie, car déjà aujourd’hui, les expulsions peinent à être exécutées.

De plus, en quoi ces prisons «bleu doré» – aux couleurs de l’UE – vont-elles pouvoir remplacer des camps de réfugiés surpeuplés et aux conditions inhumaines? Sans parler du fait que l’Italie et la Grèce se trouveront toujours seules en première ligne.

«Si le pacte n’est pas correctement appliqué, on court à la catastrophe et à une situation (…) pire qu’actuellement», met en garde un spécialiste en droit de l’immigration, cité par Le Soir.

La joie de ceux qui défendent la forteresse Europe – y compris le gouvernement luxembourgeois représenté par le ministre Léon Gloden (CSV) – risque d’être de courte durée. Au plus tôt en 2026, ce paquet, en partie indigne des valeurs ardemment défendues par l’UE, sera en vigueur. D’ici là, les drames humains vont se poursuivre, en Méditerranée et ailleurs.