Une question «à la con», disent les célèbres Inconnus quand on leur demande la différence entre un bon et un mauvais chasseur : «Le mauvais chasseur, c’est un gars avec un fusil, il voit un truc, il tire. Alors que le bon chasseur, c’est un gars avec un fusil, il voit un truc, il tire, mais c’est différent.» Ce sketch mythique fait toujours rire.
En regardant le mouvement de grève qui s’est déroulé hier en France, une question similaire se pose : quelle est la différence entre un bon syndicaliste et un mauvais syndicaliste? Une question sans doute à la con, tout comme sa réponse : «Un mauvais syndicaliste, il voit une réforme, il fait grève, et un bon syndicaliste, il voit une réforme, il fait grève, mais c’est différent.» Car c’est un peu ce qui se passe actuellement dans l’Hexagone. Les syndicats sont passés à l’action et promettent l’enfer au gouvernement Macron qui souhaite réformer la France pour la (re)mettre sur une bonne dynamique après le quinquennat effroyablement terne de Hollande.
Mais ce qui est le plus amusant, c’est que les syndicats français ont mobilisé les troupes alors que les négociations avec le gouvernement n’ont même pas encore commencé. Plus sérieusement, les syndicalistes français veulent mettre un coup de pression, une stratégie comme une autre.
Une stratégie qui n’est pas celle des syndicats luxembourgeois. Ce n’est pas dans la nature de l’OGBL ou encore du LCGB de prendre en otage la population pour montrer qu’ils existent. Ici, ils préfèrent la discussion, le dialogue social. Une stratégie sans doute un peu molle vue de France, mais qui a fait ses preuves, et ce n’est ni les cheminots CFL, ni les fonctionnaires, ni encore moins les enseignants qui diront le contraire.
Au Luxembourg, les syndicats ont compris une chose essentielle : la population est un allié précieux et non un otage. Résultat, le Luxembourg présente le 7e plus haut taux de syndicalisation en Europe avec 41 % de travailleurs syndiqués (selon l’OCDE), alors que la France est bonne dernière avec à peine 7 %. Un chiffre qui en dit long sur la guéguerre futile entre les syndicats français pour être le plus «grand» et «puissant» syndicat de France et de Navarre.
Jeremy Zabatta