Non, le Luxembourg ne va pas emprunter la même route que San Francisco ou Shanghai. Du moins pas à court terme. La stratégie visant à positionner le Grand-Duché comme un pionnier de la conduite automatisée en Europe se limite pour l’instant au déploiement de véhicules à l’autonomie limitée.
Un chauffeur humain sera à bord lorsque les premiers robotaxis commenceront à circuler sur nos chaussées. La ministre de la Mobilité, Yuriko Backes, ne veut pas exclure l’arrivée de voitures pleinement autonomes. Le cadre légal – le premier du genre dans l’UE – compte clarifier des questions de responsabilité et d’autres points sensibles en lien avec la conduite automatisée.
Le choix a été fait de donner au texte législatif un caractère évolutif, afin de ne rien précipiter, aussi dans l’optique de faire adopter cette nouvelle technologie par la population. Car, sans confiance, on voit mal des clients opter pour un robotaxi au lieu d’un taxi «à l’ancienne». Il importe aussi de tenir compte des enjeux sociaux soulevés par la transition vers une mobilité automatisée.
La décision d’avancer pas à pas est à la fois sage et risquée. Le Luxembourg pourrait se faire doubler par d’autres pays européens, également engagés dans le déploiement de la conduite automatisée sur leur territoire.
Dans le même temps, le pays dispose de qualités indéniables pour se transformer en «laboratoire de la mobilité du futur». Le ministère de l’Économie liste notamment un écosystème numérique avancé, une gouvernance «agile», le développement de compétences ou encore la promotion de la recherche et de l’innovation.
Le choix de l’entreprise Pony.ai, un des acteurs majeurs de la conduite autonome, de réaliser un essai scientifique au Luxembourg est encourageant. La clé, si le pays veut devenir un véritable précurseur de la conduite automatisée, est toutefois de passer à la vitesse supérieure.
«L’exploitation de robotaxis et autres véhicules autonomes n’est économiquement rentable que lorsqu’il n’y a plus d’opérateur assis à bord», soulignait, fin juillet, dans nos colonnes, le Pr Raphaël Frank, chercheur de l’université du Luxembourg spécialisé en la matière. Une portière est aujourd’hui ouverte. Le courage d’aller plus loin sera nécessaire pour arriver à bon port.