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Une passion à protéger

Dans une quinzaine de jours, une trentaine d’entreprises luxembourgeoises vont ouvrir leurs portes afin de permettre au grand public de découvrir les coulisses de l’entrepreneuriat. Mais plus que le nom et les processus internes d’une entreprise, c’est les hommes et les femmes qui seront mis à l’honneur. Car on l’oublie peut-être un peu trop souvent, la réussite d’une entreprise passe avant tout par l’énergie quotidienne des salariés.

Pour un économiste, cette énergie est inépuisable tant qu’il y aura une force de main-d’œuvre critique et suffisamment de bras. C’est bien là que réside le nœud du problème dans plusieurs secteurs, dont notamment l’artisanat. Ce secteur recrute et l’on nous certifie qu’avec une bonne formation et de l’envie, on trouvera un travail dans l’artisanat. Une promesse qui paraît vraie, mais à quelles conditions? L’artisanat est souvent un travail dur, compensé par la satisfaction de travailler des produits de qualité et l’impression de servir matériellement à la société, à la différence d’un salarié d’un Big Four passant ses journées devant un ordinateur à manipuler des chiffres dans tous les sens d’une petite partie des comptes d’une multinationale. Bref, l’artisan est davantage ancré dans le réel et moins dans le virtuel. L’artisan a encore cette aura d’une personne travaillant avec ses mains, même si le digital imprègne de plus en plus l’artisanat.

Pour autant, le secteur ne cesse de crier qu’il est en manque de bras. Mais comment convaincre des adolescents de se diriger vers une carrière dure, longue mais ayant une belle image comme l’artisanat au lieu d’une carrière sans pression, courte dans la fonction publique, même si celle-ci jouit d’une image mitigée? Et on ne parle même pas du salaire qui va avec cette carrière, où la sécurité de l’emploi est un coussin confortable.

La réponse est peut-être la passion d’un métier au sens noble et ancien du terme, comme peut l’être un boucher ou n’importe quel autre métier de l’artisanat. Une passion qui peut commencer lors des portes ouvertes d’une entreprise, à condition d’y rencontrer des hommes et des femmes heureux d’y travailler.

Jeremy Zabatta