Accueil | Editoriaux | Une marge réduite

Une marge réduite

Les répercussions de l’invasion russe en Ukraine font que le Luxembourg est engagé dans un cercle vicieux. L’inflation galopante provoque une succession à très court terme de tranches indiciaires. Les entreprises, du moins les PME, risquent de crouler sous cette hausse continue des coûts.

En raison d’un barème d’imposition non adapté à l’inflation, chaque compensation de 2,5 % produit un effet pervers. Le surplus brut fait basculer le contribuable dans une tranche d’imposition supérieure, avec à la clé un gain net amoindri. En résulte une perte de pouvoir d’achat rendant encore plus difficile la possibilité de faire face à la hausse conséquente des prix de l’énergie.

Voilà, en gros, l’équation à laquelle était confrontée la tripartite. Les mesures prises doivent en priorité freiner l’inflation. Les index déclenchés deviennent moins fréquents et, grâce à l’adaptation partielle du barème d’imposition, vont davantage profiter aux salariés.

Alors que gouvernement, syndicats et patronat se sont félicités du paquet ficelé, les premières critiques n’ont pas tardé à fuser. L’opposition parlementaire aurait préféré voir une adaptation intégrale du barème. Le Mouvement écologique est venu se joindre, hier, à ceux qui fustigent un manque de ciblage social et écologique des mesures.

Les jonk gréng réclament, pour rectifier le tir, que les associations environnementales et sociales soient à l’avenir associées aux négociations, dans un nouveau format quadripartite.

Tous ces bémols sont justifiés. La réalité est cependant que la tripartite n’avait visiblement pas d’autre choix financier que de reconduire le large bouclier anti-inflation. En outre, la tripartite est un instrument de crise, amené à prendre des mesures ponctuelles. En d’autres termes, les grandes questions liées à l’équité sociale ou la transition écologique doivent être débattues en dehors de ce format.

Cette mission incombera au prochain gouvernement. Une des bases pour négocier ce double virage sera une véritable réforme fiscale, qui doit non seulement rendre l’imposition plus juste, mais aussi générer de nouvelles recettes pour contrebalancer les milliards d’euros débloqués pour contrecarrer la crise sanitaire et inflationniste. Sans quoi, la marge d’action restera trop réduite.