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Une légende devenue histoire

Hier marquait les 100 ans de la révolution d’Octobre, symbolisée par la prise du palais d’Hiver de Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) par les bolcheviques dans la nuit du 25 au 26 octobre 1917 (7 novembre dans le calendrier grégorien). Cet évènement fondamental du XXe siècle inspirera des mouvements politiques dans le monde entier, qui ont permis de véritables avancées au bénéfice des classes populaires. Le hic est que cette volonté d’émancipation des peuples inspirée par la révolution d’Octobre repose en très grande partie sur un mythe.

La révolution, dans l’imaginaire collectif, est un mouvement de masse voyant le peuple déferler dans les rues pour revendiquer ses droits. Rien de tel dans la révolution d’Octobre qui ne fut en réalité qu’un simple coup d’État, les bolcheviques de Lénine renversant le faible gouvernement provisoire issu de la révolution de février 1917 qui avait abouti à l’abdication du tsar Nicolas II. Les célèbres images d’Octobre d’Eisenstein (1927) montrant une avalanche humaine partir à l’assaut du palais d’Hiver doivent être prises pour ce qu’elles sont : de la pure propagande. Ce coup d’État sera même suivi d’un second début 1918. Le 12 novembre 1917 se tient l’élection d’une Assemblée constituante.

Ce premier et dernier scrutin véritablement démocratique de l’histoire russe voit les socialistes révolutionnaires l’emporter avec 40 % des voix devant les bolcheviques (22 %). Un résultat qui n’est pas pour plaire à Lénine qui dissout l’Assemblée et réprime les manifestations. Une dictature – loin d’être celle du prolétariat – était née, ce régime responsable de la mort de millions de personnes survivra jusqu’en 1991.

Il est d’ailleurs de bon ton de présenter Staline comme celui qui aurait trahi la révolution après la mort de Lénine. Mais le régime que ce dernier met en place présente déjà toutes les caractéristiques du totalitarisme : surveillance généralisée, police politique, terreur de masse, répression de toute voix dissidente. Lénine n’était pas ce pur révolutionnaire idéaliste se battant pour le bien du peuple, il était un être cynique prêt à tous les excès et toutes les tueries pour atteindre ses objectifs.

Nicolas Klein