Le Luxembourg n’est pas une île.» Voilà une des phrases fétiches du camp politique luxembourgeois. Mais le Grand-Duché est bien une île, très exotique même. Il n’existe en effet aucune démocratie où des ministres siègent pendant 35 ans.
Oui, ce sont les électeurs qui décident, mais cela n’empêche pas que des Premiers ministres perpétuels, comme l’a été Jean-Claude Juncker (CSV) – finalement «déboulonné» le 10 juillet 2013 – soient eux aussi exotiques.
«Mais qu’est-ce qu’on va devenir?», se demandait, en ironisant, notre rédacteur en chef le 11 juillet 2013. Aujourd’hui, on sait que le Grand-Duché ne s’est pas effondré et qu’il se porte même mieux dans certains domaines.
La crise du logement n’a cependant pas été endiguée. Si le CSV aime aujourd’hui évoquer le «mur» que risque de percuter l’assurance pension, le véritable mur dans lequel risque de s’écraser le Luxembourg est bien le logement. Comme le démontrent encore les chiffres publiés hier, les prix ne cessent de flamber.
On ne peut certainement pas tout imputer au seul CSV, qui a gouverné en alternance avec le LSAP et le DP. Mais dans le domaine du logement, ce sont bien exclusivement des ministres chrétiens-sociaux qui ont dirigé la manœuvre depuis 1979.
Alors que la flambée des prix menaçait de plus en plus la cohésion sociale, Jean-Claude Juncker avait annoncé en 2002 une véritable offensive dans le domaine du logement, avec lui en tant que chef d’orchestre. Cette offensive a cependant fait pschitt.
La coalition gouvernementale sortante – le DP en prime – a elle aussi lancé une offensive, mais la querelle entre Maggy Nagel et son premier lieutenant Daniel Miltgen a freiné l’élan initial. Mais la machine est enfin relancée aujourd’hui.
Il est maintenant indispensable de faire le prochain pas : définir un cadre légal strict qui freine la spéculation et les magnats de l’immobilier existant aussi sur cette île exotique qu’est le Luxembourg. Une trop grande proximité entre les responsables politiques et les promoteurs privés ne doit en effet plus primer sur l’intérêt général du pays!
David Marques