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Une histoire sans fin

On est en 2010. Les effets de la crise financière de 2008 se font aussi ressentir au Luxembourg. La tripartite se réunit sans trouver d’accord. Le ministre des Finances impose dans la foulée un paquet d’austérité très contesté.
Sans aucune urgence, Luc Frieden avait notamment forcé son collègue François Biltgen à réformer les aides financières pour études supérieures. Jusqu’en 2010, les étudiants résidents avaient droit à une bourse et un prêt, calculés en fonction du revenu des parents. S’y ajoutaient des allocations familiales versées jusqu’à l’âge de 27 ans. Les enfants de travailleurs frontaliers avaient uniquement droit aux allocations. L’aide financière restait réservée aux résidents.
La réforme précipitée occasionne jusqu’à aujourd’hui des remous. La différenciation entre résidents et frontaliers n’avait jusque-là jamais été remise en question. Mais la décision de revoir à la hausse les bourses d’études afin de compenser la baisse de l’âge pour obtenir les allocations familiales (de 27 à 21 ans) a provoqué une levée de boucliers.
Rapidement, plus de 500 enfants de travailleurs frontaliers ont réclamé devant les tribunaux le droit de toucher également les 6 500 euros de bourse et 6 500 de prêt, toujours octroyés aux seuls résidents. Le gain d’autonomie pour les étudiants, espéré par le ministre Biltgen, s’est transformé en fiasco.
En 2013, la Cour de justice de l’UE (CJUE) a conclu à une discrimination. La simple ouverture des aides aux enfants de travailleurs frontaliers n’était pas une solution viable. En 2014, le système a ainsi été revu dans la douleur. Plus de
15 000 jeunes sont descendus dans la rue pour contester la baisse des aides.
Côté frontaliers, l’obligation pour le parent d’avoir travaillé au moins cinq ans au Grand-Duché afin de toucher une bourse sera invalidé en 2016 par la CJUE.
Un calme relatif était revenu depuis lors, mais le 10 juillet dernier les juges européens sont revenus à la charge, ce qui a nécessité une nouvelle réforme. Et on est loin d’être arrivé au bout de cette histoire sans fin, qui au départ visait à économiser 40 millions d’euros…

David Marques