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Une histoire de portefeuille

En plus de creuser les inégalités sociales, le carburant n’est pas assez cher. Selon une analyse du Statec, nous dépensons en moyenne 1 260 euros par an en carburant pour nos déplacements en voiture. Autrement dit, il nous faut un peu moins d’un mois de salaire minimum pour nous déplacer en voiture toute l’année. Ce qui ne pousse pas vraiment les individus à changer leur comportement en termes de mobilité. À titre d’exemple, un bon vélo électrique coûte entre 2 500 et 3 000 euros.

De plus, la dépense en carburant pèse plus lourdement sur les personnes plus fragiles financièrement, créant ainsi une inégalité socio-environnementale. Plus l’on est riche et plus l’on peut se permettre de rouler, surtout pour faire 500 mètres. Car le fond du problème de cette mobilité de demain n’est pas de savoir si l’on a la capacité financière de se déplacer, mais plutôt si l’on a envie de cette mobilité. Et malheureusement, l’envie de l’être humain se résume bien trop souvent à son portefeuille.

La gratuité des transports en commun va profiter aux plus fragiles financièrement, puisqu’ils les utilisent plus que les personnes plus aisées. Ce qui revient à dire que les personnes plus aisées ont la capacité financière de polluer et d’embouteiller les routes. Car il ne faut pas croire qu’une personne aisée dont la dépense en carburant ne représente que 1,4 % de son revenu annuel va se mettre à prendre les transports en commun, le vélo ou faire du covoiturage pour la bonne cause.

On nous bassine à propos de la nécessité de réfléchir et de changer nos comportements et nos habitudes pour désaturer le pays et assurer un avenir viable tant sur les routes qu’au niveau environnemental. Mais on ne peut que constater que l’on ne récompense pas ceux qui font déjà des efforts, par nécessité certes, en privilégiant le bus ou le vélo.

Lot de consolation, ils économiseront 100 euros par an de transports en commun. C’est un début, mais ça reste peu alors que le carburant devrait être beaucoup moins incitatif et les autres moyens de mobilité plus incitatifs encore. Seul bémol, la vente de carburant rapporte un milliard d’euros à l’État. On en revient à la même chose, une histoire de portefeuille.

Jeremy Zabatta