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Une histoire de gros sous

Chaque été, une saga est la bienvenue pour passer les mois les plus calmes de l’année en termes d’actualité brute. Si en 2015, le débat bien trop acharné sur la mendicité dans la capitale a dominé la faible actualité, la réforme explosive des fabriques d’église, dernière étape de la séparation de l’État et de l’Église, est venue «gâcher» cette année les vacances du ministre de l’Intérieur.

En principe, la trêve du mois d’août est sacrée dans la sphère politique luxembourgeoise. Le syndicat des communes (Syvicol) et celui des fabriques d’église (Syfel) n’ont cependant pas attendu la rentrée pour monter au créneau et sévèrement fustiger le projet de réforme validé fin juillet par le gouvernement. Un cadre juridique bien trop flou et un calendrier bien trop serré : voilà les deux principales critiques lancées à l’égard de Dan Kersch. Même un appel à la rébellion a été lancé par le Syfel, forçant le ministre à sortir de son silence estival.

Nullement habitué à la langue de bois, ce dernier n’a pas mâché ses mots pour dénoncer notamment un fait que le Syfel, et avec lui l’archevêché, aime passer sous silence. La création d’un Fonds de gestion des édifices religieux du pays, géré et donc financé par la seule Église catholique, se résume à une histoire de gros sous. Même si des questions juridiques de première importance doivent encore être tranchées par le Conseil d’État, il est indéniable que le camp catholique tente par tous les moyens d’éviter que la réelle valeur de son riche patrimoine ne soit dévoilée ouvertement sur la place publique.

Une grande partie des fabriques d’église disposent en effet d’importantes réserves financières. L’esprit de solidarité – pourtant cher aux chrétiens – n’a cependant jamais été appliqué pour venir en aide aux plus fabriques d’église les plus faibles. Il est donc louable que le gouvernement se soit enfin attaqué à ce dossier brûlant. Même des membres du CSV auraient félicité en cachette le ministre de l’Intérieur pour cette initiative. Mais comme dans chaque histoire de gros sous, la tentation de défendre bec et ongles son propre bien prend le dessus sur l’intérêt général…

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)