L’OGBL a-t-il raison de viser aussi sévèrement la politique du gouvernement CSV-DP, en place depuis huit mois à peine? La réponse à cette question n’est pas évidente, même s’il y a bien des tendances qui peuvent justifier les mises en garde et les lignes rouges formulées par le premier syndicat du pays. Seule certitude : les inégalités sociales se creusent sans cesse et il est plus que jamais urgent de contrebalancer cette dynamique.
Dans les faits, l’exécutif conservateur-libéral a lancé son mandat par une première adaptation du barème à l’inflation. La mesure avait été retenue par la dernière tripartite en 2023. Elle a été légèrement gonflée par la nouvelle coalition et une autre compensation fiscale de tranches indiciaires versées est prévue pour 2025. Il s’agit de l’initiative phare pour faire valoir la promesse de permettre aux salariés de bénéficier de plus de net de leur salaire brut.
Toujours pour 2025, le ministre des Finances, Gilles Roth (CSV), met en perspective un soulagement supplémentaire des familles monoparentales. En parallèle, le Premier ministre en personne a annoncé que la lutte contre la pauvreté des enfants devient une priorité absolue de son gouvernement. Pour l’instant, la simplification administrative est mise en avant pour enfin faire bénéficier les personnes éligibles de la large panoplie d’aides disponibles. Mais est-ce que celles-ci sont suffisantes? L’OGBL dit non et réclame une revalorisation du Revis (ancien RMG), du salaire social minimum et des allocations familiales. «Les enfants sont pauvres, car leurs parents sont pauvres», constate à juste titre Nora Back, la présidente du premier syndicat du pays.
Les conventions collectives sont un autre levier pour assurer de meilleurs revenus et des conditions de travail plus stables aux salariés. Le Luxembourg pointe à un taux de couverture limité à 50 %, alors qu’une directive européenne vise les 80 %. Au niveau du salaire minimum, les taux prescrits par l’UE ne sont pas encore atteints non plus. Le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), est aujourd’hui attendu au tournant.
À défaut de pouvoir (ou vouloir) aller plus loin, le gouvernement ne pourra pas se plaindre de la fronde syndicale qui se profile à l’horizon.