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Une France polarisée

La recomposition du paysage politique français s’est poursuivie au soir du premier tour de l’élection… avec la décomposition des anciens partis. Aujourd’hui, trois grands blocs ont émergé : le centre droit de Macron, l’extrême droite de Le Pen et l’extrême gauche de Mélenchon. Que reste-t-il aux deux anciens grands partis qui ont fait vivre la politique française pendant des décennies? Plus rien.

Le Parti socialiste a coulé avec une Anne Hidalgo, très décriée à peine nommée, qui n’a jamais su rassembler ni son camp ni les Français qui voyaient en elle une maire de Paris bien loin de leurs attentes. Valérie Pécresse, élue de la région parisienne pour les Républicains (parti qui s’est inscrit dans la succession du RPR de Chirac et de l’UMP de Sarkozy), est passée par une primaire pour pouvoir se porter candidate. Hier, elle en a été réduite à lancer un appel aux dons pour sauver son parti de la banqueroute. Elle n’a pas atteint les 5 % qui lui permettraient d’obtenir un remboursement avantageux de sa campagne par l’État. Valérie Pécresse a connu le même sort qu’Anne Hidalgo durant la campagne. Trop distante, parfois maladroite lors de ses discours, elle n’a pas été épargnée non plus par les membres de sa propre famille politique qui, pour certains, voulaient un coup de barre franc vers l’extrême droite. Elle n’a pas cédé et cela lui a coûté cher. Anne Hidalgo, inaudible, a quant à elle été débordée par un Jean-Luc Mélenchon qui a siphonné l’électorat de gauche, et pas forcément d’extrême gauche, malgré ses tentatives pour rappeler ses fidèles au bercail.

Le choc est rude pour les deux partis traditionnels français de droite et de gauche zombifiés par les résultats de l’élection du premier tour. Le dégagisme de Macron, qui avec son parti a rassemblé politiciens de gauche et de droite autour de son projet, avait fait des ravages en 2017. Aujourd’hui, droite et gauche traditionnelles françaises semblent disparaître lentement mais sûrement, les électeurs préférant apparemment une polarisation extrême des débats, des idées et finalement de la société. Cette préférence en dit long aussi sur l’ambiance actuelle chez nos voisins, de l’autre côté de la frontière.