La tradition du 1er mai n’a pas dérogé à la règle, vendredi, au Luxembourg, où l’ambiance était souvent policée dans les différents cortèges.
Au Grand-Duché, la Fête du travail est un exercice civilisé et sans grande surprise. Mais elle offre chaque année l’opportunité de rappeler que tout n’est pas rose dans le dialogue social du Grand-Duché. Et de tirer quelques grandes prévisions sur les futures tensions sociales, au premier rang desquelles la durée du travail qui, à l’OGBL comme au LCGB, est une priorité.
Les uns dénoncent la pression sur les salariés luxembourgeois, les autres la flexibilisation des horaires. Tous regardent le patronat, toujours plus exigeant avec les travailleurs, toujours prompt à tirer sur une corde fragile. Car si le dialogue social semble reprendre, petit à petit, ce qui tient les acteurs de la tripartite, gouvernement, syndicats et patronat, est très fragile. André Roeltgen, le président de l’OGBL, et ses alter-ego des autres mouvements syndicaux n’ont de cesse de rappeler le manque d’ouverture d’esprit du patronat.
C’est dommage, car les progrès sociaux sont toujours plus faciles à construire dans une économie en bonne santé que pendant les crises. Le Luxembourg a cette chance d’être un oasis de tranquillité économique au cœur de l’Europe. Mais pour combien de temps ? L’heure est aux réformes sociales et quelques signes vont dans le bon sens, comme la refonte du congé parental. Il faut persévérer dans cette voie.
Il est parfois difficile pour le patronat de comprendre que le bonheur des travailleurs n’est pas qu’une question de salaires. Les Luxembourgeois sont la population la plus riche du monde. Cela ne signifie pas pour autant que le système n’a pas besoin d’être sans cesse réajusté et que les intérêts des entreprises sont incompatibles avec ceux de leurs salariés. La prospérité économique est l’instrument du progrès social. Rien n’empêche donc que le dialogue progresse, et que les blocages soient un à un levés pour l’intérêt de tous.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)