Jeudi soir, les experts et représentants des États membres de l’Union européenne ne sont pas parvenus à s’entendre sur le dossier du glyphosate. Le vote qui devait interdire l’herbicide, ou prolonger son autorisation de commercialisation, n’a même pas eu lieu. Un spectacle pathétique autour d’une Europe incapable de s’entendre sur un sujet brûlant.
Entre les pays qui ont fait connaître leur position et ceux qui ont cédé aux lobbies, impossible de trouver un consensus. Et l’Europe de tomber dans la caricature de ce qu’elle est, si prompte à trancher sur des dossiers sans importance et tellement timorée lorsqu’il s’agit de trancher sur le fond.
Le glyphosate est, au mieux, un perturbateur endocrinien, et, au pire, participe à l’effondrement des colonies d’abeilles. En clair, il est un danger pour la santé publique. Un argument qui devrait suffire à mettre fin à son utilisation, comme le souhaitent le Luxembourg et la France, par exemple. Mais non, l’Europe a d’autres priorités. Comme proroger l’utilisation d’un produit qui est un herbicide accompli, utilisé massivement dans l’agriculture et qu’aucune autre substance n’est parvenue à concurrencer en termes d’efficacité.
Quand il s’agit d’établir des normes sur la forme des fruits et légumes, l’Europe montre une efficacité rare, on le sait. Quand il s’agit de santé publique ou de gestion des réfugiés, les choses sont beaucoup plus compliquées. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que la cause européenne recule, à ce que le Royaume-Uni se déchire autour de la question du Brexit.
Car pour donner du sens à l’action européenne, encore faudrait-il que ses représentants fassent montre d’efficacité dans ce type de dossiers. Que les réunions d’experts aboutissent sur autre chose que des décisions sans cesse repoussées.
Pendant ce temps, le glyphosate continue d’inonder nos champs. Alors, décideurs de tous pays, ayez un peu de courage et prenez des décisions fortes, de celles qui donnent du sens à la destinée européenne.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)