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Une époque bien triste

La lutte contre la prostitution remonte à loin. Charlemagne en son temps, au IXe siècle, avait tenté d’encadrer la prostitution à Paris, une ville qui a longtemps été la capitale mondiale des plaisirs, surtout entre 1880 et 1914, à la Belle Époque. La capitale française comptait alors une multitude de maisons closes et de bordels tenus par des mères maquerelles s’occupant de leurs filles. Avec le phénomène des cocottes, en ce temps-là, à Paris, la prostitution était synonyme de classe, de raffinement, le symbole d’un certain art de vivre et de raffinement dans une vision certes romantique de la profession.

Mais aujourd’hui, le monde de la prostitution a bien changé. Finis l’art de vivre et le raffinement et place, la nuit tombée, aux voitures tournant en boucle, comme à Luxembourg, dans le quartier Gare, sillonnant la rue de Strasbourg, la rue du Commerce et la rue du Fort-Wedell. Ces automobilistes, eux, sont à la recherche d’une «belle compagnie» que propose une dizaine de créatures sur les trottoirs du quartier. Mais autant le dire franchement, elles n’ont pas la classe des «cocottes» esquissées par Toulouse-Lautrec. Finies également les mères maquerelles et place aux maquereaux qui exploitent sans vergogne des jeunes femmes venues d’Afrique ou d’Europe de l’Est.

La prostitution n’est plus du tout un art, mais une machine à cash qui exploite des femmes (et des hommes) sexuellement sans aucune considération humaine. Pour lutter contre ce phénomène, qui n’est pas nouveau, deux écoles existent, l’une préconise l’interdiction, l’autre, l’encadrement. Le Luxembourg va se doter d’un cadre législatif à mi-chemin entre l’interdiction et l’encadrement de la pratique, ouvrant la porte à l’incertitude due à l’imprécision des textes de loi. Ainsi, le client d’une prostituée «vulnérable» sera pénalisé.

Mais comment définir la vulnérabilité ? Comment savoir si un maquereau n’attend pas ses «filles» pour leur soutirer leur butin et leurs donner quelques coups ? Là encore, le politique a fait le travail à moitié, ne tranchant pas dans le vif, ne prenant pas de décisions fortes afin de lutter contre un des plus grands fléaux d’une époque loin d’être belle : la traite des hommes et des femmes.

Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. jemedésabonne

    « La prostitution n’est plus du tout un art »… Non mais sérieux????? Editorial surréaliste, et honteux. C’est la ligne éditorial du journal, ça??