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Une empoignade continentale

Les Européens sont appelés aux urnes le dimanche 26 mai… et même au Royaume-Uni, si aucun accord sur le Brexit n’est trouvé. Ce sera l’occasion, pour une fois, de voir les habitants du continent véritablement unis autour de quelque chose : choisir leurs députés. Mais de sombres nuages planent sur ce rendez-vous électoral. Selon les (fameux) sondages, le bloc des partis antieuropéens devrait réussir une forte percée lors du scrutin. C’est une surprise? Pas vraiment. L’objectif de ces partis est clair : tenter de devenir la troisième force politique du Parlement européen et, ainsi, empêcher les groupes socialistes et conservateurs d’obtenir une majorité de sièges pour «gouverner». Mais il n’est pas facile de s’unir avec d’autres partis «étrangers» quand on milite pour le repli sur soi et la mise en place de barrières aux frontières. C’est encore moins facile quand on se laisse souvent aller à des dérapages verbaux qui, souvent, provoquent une gêne immense chez ses fragiles alliés. 2019 sera l’année ou jamais pour ces partis, souvent extrémistes, dopés par le Brexit et par une population européenne se questionnant sur les problématiques migratoires, l’iniquité fiscale ou sur une crise qui n’en finit plus.

Aujourd’hui, une partie des dirigeants du continent européen réfléchit toujours à améliorer cette Union qui s’est fracassée sur le vote britannique il y a trois ans. Présidents, chancelière, Premiers ministres… ils n’auront pas la tâche facile. Et elle risque d’être encore plus compliquée ces prochaines années avec la percée attendue de ces partis antieuropéens au Parlement.

Et, au milieu de cette empoignade continentale à venir, se trouve le Grand-Duché. Inutile de dire que le pays est loin de connaître les mêmes tumultes populistes et antieuropéens qu’en France, en Allemagne ou en Italie, par exemple. Mais le Luxembourg «n’est pas une île», selon la formule consacrée et qui résonne différemment depuis le Brexit. Il va falloir que le Grand-Duché tienne bon, alors qu’un avis de gros temps est annoncé sur l’Europe.

Laurent Duraisin