Le site est imposant et regorge d’activités au Container Land, entre Bettembourg et Dudelange. Les grues jouent délicatement avec les conteneurs comme s’ils étaient de gros Lego. Ils sont empilés, soulevés, transbordés. En contrebas de ces machines d’acier qui vont et viennent avec légèreté, des rangées de wagons attendent patiemment d’être chargées pour ensuite filer vers le sud de l’Europe. Le centre logistique vit tout le temps, de jour comme de nuit.
Mais l’ensemble du projet n’est pas encore terminé. Pour permettre son développement harmonieux et ne pas gêner le flot de véhicules qui encombre déjà la collectrice du Sud, un vaste chantier est en cours le long de l’A13, non loin de la croix de Bettembourg. Les travaux doivent permettre à la noria de poids lourds de se rendre sans soucis (et sans provoquer de bouchons) sur cette plateforme multimodale qui a poussé avec une rapidité surprenante.
Le Container Land, une grande réussite ? Il ne fait pas que des heureux. Le long du site, quelques pancartes ont été déposées par des irréductibles opposants qui regrettent d’avoir vu disparaître 33 hectares de terres sous le béton. Un baroud d’honneur.
Au Grand-Duché, l’une des ressources qui est de plus en plus rare est l’espace. Nous l’avons vu par exemple avec l’épisode «Google» et cette véritable aventure afin de trouver les 30 hectares nécessaires pour installer son data center. En plus de la prédation immobilière, les terres (agricoles ou non) subissent le contrecoup de la croissance économique trépidante du Grand-Duché.
C’est le revers de la médaille d’un développement économique qui semble toujours ravir sans encore vraiment inquiéter. En effet : peu ou pas de mobilisation pour protéger une forêt, un champ, une vallée des crocs acérés, des pelles mécaniques… Jeremy Rifkin propose avec sa troisième révolution industrielle, adoptée par le gouvernement, la création à terme d’une «civilisation écologique durable». Au Grand-Duché, la civilisation pourra certes devenir durable, mais sera-t-elle vraiment écologique ?
Laurent Duraisin