Le premier discours du Grand-Duc Guillaume a déjà marqué les esprits. La voix pleine de détermination et de fermeté, il s’est placé dans les pas de ses prédécesseurs… mais a aussi décidé d’arpenter son propre chemin. Sans crainte d’affronter les défis qui l’attendent. Et notamment celui du vivre-ensemble, d’une cohésion sociale dans un pays qui évolue à vitesse grand V et qui accueille de nombreux nouveaux arrivants.
Le Grand-Duc Guillaume souhaite cimenter cette population autour d’un avenir luxembourgeois commun, des valeurs partagées. La thématique est importante, car autour de nous, cette unité s’est parfois fracturée depuis bien longtemps et les affrontements se multiplient, la méfiance grandit. La haine aussi. Le Grand-Duc a dit qu’il voulait construire des ponts entre les communautés dans le pays, car pour lui, il faut que «nous apprenions à réellement vivre ensemble – les uns avec les autres, et non les uns à côté des autres». Les mots choisis sont forts.
Le Luxembourg n’est pas une île, et les tentations du repli sur soi peuvent être nombreuses, d’autant plus au cœur d’une nation qui accueille autant de nationalités différentes, avec des habitants aux parcours si variés. Ces dernières années, l’évolution démographique du pays a été aussi rapide que le développement économique. Avec un risque : que les communautés se retrouvant sur le sol national vivent en silo, c’est-à-dire les unes à côté des autres, certes, mais aussi hermétiquement fermées les unes aux autres.
Nous n’en sommes pas encore là, mais nos sociétés modernes prônent souvent un individualisme effréné dans le monde du travail ou dans nos rapports aux autres qui sont de plus en plus «numérisés». Et la distance s’installe, l’incompréhension aussi. Ce lien, le Grand-Duc Guillaume semble prêt à s’acharner à le tisser durant son règne, voire à le retisser si, par malheur, il avait cédé çà et là. Mais il a aussi averti : toute la population doit, elle aussi, faire un pas en avant pour être prête à se montrer combative afin de faire prospérer une société plus unie. L’engagement du Grand-Duc doit servir d’exemple et porter aussi le pays. Qui est prêt à le suivre ?